La trêve, prélude à un vrai cessez-le-feu ? Israël oscille mardi entre optimisme et pessimisme. Reste à réduire les fractures qui déchirent le pays.
Jérusalem, mardi matin, 29e jour de guerre. Il est 5 heures GMT, 8 heures, heure locale. Comme tout le monde, je retiens mon souffle. C'est l'heure de l'entrée en vigueur du cessez-le-feu. Soixante-douze heures durant lesquelles Israël et le Hamas se sont engagés à ne pas tirer. Personne, cette fois, ne parle de trêve humanitaire. Il s'agit bel et bien d'un arrêt des combats qui, s'il tient, sera suivi de négociations au Caire pour l'arrêt en bonne et due forme des hostilités. 
Quelques minutes avant 8 heures, le Hamas a tiré des salves de roquettes sur le centre d'Israël et la région de Jérusalem, et même en territoire palestinien. Un des missiles est tombé sur Beit-Sahour, un faubourg de Bethléem. 
Dans le quartier de colonisation voisin, Har Homa, les habitants israéliens ont eu très peur. Ils ont bien cru que la roquette allait tomber chez eux. Rappelant les opérations précédentes, Plomb durci, Pilier de défense - et avant cela, la seconde guerre au Liban de 2006 -, tous les experts s'accordent à dire que c'était prévisible. Reste qu'à 8 heures, les Israéliens ont basculé, sans que le temps se soit arrêté, dans cet entre-deux d'une guerre pas terminée, mais sans le bruit et la fureur des armes.
Les optimistes et les pessimistes
Tiendra, tiendra pas ? C'est la question à laquelle personne, à ce stade, n'a de réponse. Au vu de tous ces cessez-le-feu qui, ces dernières semaines, se sont effondrés très peu de temps après avoir débuté, sans parler de ceux qui étaient morts avant d'être nés, la prudence est de rigueur. Comme souvent, il y a les optimistes, ceux qui veulent y croire en raison d'abord de la crédibilité que lui apporte le fait qu'il ait été négocié par les dirigeants égyptiens. 
Optimiste, le présentateur de la matinale d'une chaîne de télé : il se lève, étreint le correspondant de guerre en le félicitant pour l'excellence de son travail interrompu, tout en l'encourageant à aller se reposer, maintenant qu'on n'a plus besoin de lui. L'intéressé se laisse faire. Pourtant, en sortant du studio, il a cette phrase : "Nous allons nous revoir plus vite que vous ne pensez." Visiblement, il est du côté des pessimistes, persuadés que la prochaine confrontation avec le Hamas est pour très bientôt : quelques mois, voire quelques semaines.
"C'est sur ce désaccord entre nous que je vous remercie"
Ma chronique d'hier m'a valu quelques commentaires un peu vifs. Je dirai deux choses : hier soir, j'ai pu voir sur la chaîne 10 un reportage sur Gaza. Plus précisément sur le secteur de Beit Hanoun, dans le nord de la bande de Gaza. Depuis la veille, l'armée israélienne avait autorisé ses habitants à rentrer chez eux, ou du moins, pour certains, ce qu'il en restait. Une longue séquence réalisée par un journaliste de la chaîne, sur des images empruntées à la chaîne Al Jazeera, la télé satellitaire du Qatar. Destructions, hommes et femmes dans les ruines de leurs maisons à la recherche d'objets personnels. 
La vie qui revient sur les traces de la guerre. Une longue interview ensuite, avec le représentant à Gaza de l'Organisation mondiale de la santé. Ce Palestinien s'exprime dans un hébreu parfait. Il a travaillé en Israël près d'une vingtaine d'années, comme infirmier, notamment, à l'hôpital Hadassah de Jérusalem. Il raconte Gaza aujourd'hui. 
Un récit sans accusations ni émotions superflues. À la fin, la présentatrice lui pose des questions sur sa vision du Hamas. Devant son refus de condamner l'organisation islamiste, elle conclut : "C'est sur ce désaccord entre nous que je vous remercie." 
Sur la chaîne concurrente, rien de tout cela. Les heures de diffusion du soir sont entièrement consacrées à la situation du côté israélien. 
Arad Nir est le correspondant de la chaîne 2 en matière d'affaires internationales. Depuis trois semaines, parce qu'il évoque les répercussions diplomatiques et sociétales de la guerre à l'étranger, il est la cible d'insultes et de menaces, pas seulement lui, mais ses enfants. Il fait même partie d'un poster intitulé : le bataillon juif du Hamas. Sa photo y côtoie des personnalités de premier plan de la société civile israélienne, journalistes, artistes, politiques de gauche, etc. 
Et d'ailleurs, en cette journée du 9 du mois hébreu d'Av, où les juifs pratiquants commémorent la destruction des deux Temples, de nombreux débats sont diffusés dans les médias sur ce qui semble, qu'on me pardonne, la problématique du moment : "Comment rétablir le dialogue au sein de notre société ? Comment faire cesser les propos de haine nés des désaccords ?"
Consultez notre dossier : Israël-Gaza : journal de guerre
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