Vingt Palestiniens, dont un enfant, ont péri ce samedi dans des frappes israéliennes contre la bande de Gaza, portant à 316 le nombre de morts palestiniens en 12 jours d’offensive sur l’enclave palestinienne, selon les services de secours.
Les deux dernières frappes ont coûté la vie à un enfant de six ans à Beit Lahiya, dans le nord de l’enclave palestinienne, et à une personne au nord de la ville de Gaza. Dans la matinée, les cadavres de cinq victimes ont été retrouvés dans les décombres d’une maison bombardée dans la nuit de vendredi à samedi, à l’est de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, a indiqué à l’AFP le porte-parole des services des urgences, Achraf al-Qoudra.
Aux premières heures de la journée, une frappe a par ailleurs tué sept personnes, dont une femme, à la sortie d’une mosquée de Khan Younès. Trois des victimes appartenaient à la même famille.
 Quatre autres personnes ont été ensuite tuées peu après dans des frappes séparées à Beit Hanoun (nord) et Deir al-Balah (centre) et Khan Younès (sud). Un blessé a par ailleurs succombé à ses blessures et une autre victime a été retrouvée dans des décombres, également à Khan Younès.
Au total, 316 Palestiniens, dont de nombreux femmes et enfants, ont été tués depuis le début le 8 juillet de l’opération israélienne «Bordure protectrice», qui a également fait plus de 2 280 blessés palestiniens.
Selon le Centre palestinien pour les droits de l’Homme, basé à Gaza, les civils représentent plus de 80% des victimes de l’offensive, lancée par Israël pour faire cesser les tirs de roquettes du mouvement islamiste Hamas, qui contrôle l’enclave.
Côté israélien, un civil a été tué et un soldat mortellement touché par un tir «ami». L’armée israélienne par ailleurs a annoncé qu’un soldat avait été grièvement blessé dans la nuit de vendredi à samedi lors d’une opération dans le nord de la bande de Gaza, près de Beit Lahia. Il s’agit du conflit le plus sanglant à Gaza depuis 2009.

40 000 DÉPLACÉS

A Gaza, le nombre de déplacés a presque doublé en 24 heures, pour atteindre 40 000 personnes, selon l’agence de l’ONU dans cette bande de terre de 362 km2 où s’entassent dans la misère 1,8 million d’âmes soumises à un blocus israélien depuis des années. Le Programme alimentaire mondial espère pouvoir y distribuer de la nourriture à 85 000 personnes dans les prochains jours. 70% des secteurs de Gaza étaient privés d’électricité.
Les principales ONG israéliennes de défense des droits de l’Homme ont exigé des«couloirs humanitaires» pour évacuer les blessés et pour que «les personnels médicaux puissent remplir leur mission sans mettre leurs vies en danger».
Cette explosion de violence a incité le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, àannoncer une visite samedi dans la région. Il a annoncé cette initiative pour«montrer sa solidarité avec les Israéliens et les Palestiniens et les aider, en coordination avec les acteurs régionaux et internationaux, à mettre fin à la violence et à trouver une solution» au conflit, a indiqué devant le Conseil de sécurité le secrétaire général adjoint pour les affaires politiques, Jeffrey Feltman.

OBJECTIF : TUNNELS

Sur le terrain, l’infanterie et le génie assisté de l’artillerie et de l’aviation sont engagés dans des combats, tuant une vingtaine de «terroristes», frappant au moins«240 cibles d’activités terroristes» et mettant au jour 10 tunnels disposant de 22 sorties. Vingt et un «terroristes» ont été arrêtés pour être interrogés, a précisé un porte-parole militaire. La découverte et la destruction des tunnels du Hamas, ces galeries dont certaines débouchent en territoire israélien est l’objectif principal de l’incursion en cours selon Israël.
«Nos opérations se concentrent sur une zone de 2.5 km le long de la frontière, dans des zones rurales ou semi-urbaines», a indiqué à la presse un officier du renseignement militaire. «Mes instructions sont de se préparer à la possibilité d’élargir de manière significative l’opération», a dit Benyamin Netanyahu, «ce n’est pas possible de régler (le problème) des tunnels depuis les airs uniquement». Il a néanmoins admis qu’il n’y avait pas de «garantie de succès à 100%».
Carte de l'offensive terrestre de l'armée israélienne à Gaza, le 18 juillet.
Malgré l’offensive terrestre, les combattants du Hamas ont réussi à tirer 135 roquettes dont 87 ont atterri en Israël et 40 ont été interceptées a précisé un porte-parole militaire.
A Khan Younès, quelque 1 500 personnes se sont réfugiées dans des écoles gérées par l’ONU.

OBAMA ET L'UE «INQUIETS»

L’offensive terrestre est la première menée à Gaza depuis celle de décembre-janvier 2008-2009, qui avait fait 1 400 morts côté palestinien sans pour autant mettre fin aux tirs de roquettes. Netanyahu l’a justifiée par le refus du Hamas d’accepter la proposition de trêve égyptienne que le mouvement islamiste palestinien voulait élargir à la levée du blocus et la libération de prisonniers.
A l’étranger, le président américain Barack Obama, principal allié d’Israël, a dit à Netanyahu que les États-Unis étaient «profondément inquiets des risques d’une escalade et de la perte de davantage de vies innocentes».
L’Union européenne s’est déclarée «très préoccupée», estimant «plus urgent que jamais» la recherche d’un cessez-le-feu. Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui a rencontré le président palestinien Mahmoud Abbas au Caire, a dit vouloir «briser la spirale de la violence». Il est attendu samedi en Israël. Selon lui, Abbas a demandé à la France «de joindre les Turcs et les Qataris» car ces pays peuvent «exercer une influence particulière sur le Hamas». 
Le pape François a quant à lui appelé à l’arrêt des «hostilités», alors que Moscou et Téhéran réclament «un arrêt immédiat du conflit».
La nouvelle spirale de violence a été enclenchée après le rapt et le meurtre de trois étudiants israéliens en juin, attribués par Israël au Hamas qui a nié, suivis del’assassinat d’un jeune Palestinien brûlé vif à Jérusalem, pour lequel trois juifs ont été inculpés.