jeudi 24 juillet 2014

Israël/Gaza -: "Les nerfs à vif"


Israël/Gaza - Le journal de guerre de Danièle Kriegel (4) : "Les nerfs à vif"

Comment l'offensive israélienne sur Gaza est-elle vécue à Jérusalem ? Comment les relations avec les Arabes évoluent-elles ? Le journal de notre correspondante.

Jérusalem, jeudi 24 juillet, 17e jour de la guerre.
Ouf ! Israël et ses agents de voyages qui étaient sur le point de craquer respirent ! L'agence fédérale américaine de l'aviation civile a annoncé, à 8 heures jeudi matin, qu'elle autorisait la reprise des vols de et vers Tel-Aviv. Pour les grandes compagnies européennes, il faudra encore attendre un peu. 
L'agence européenne doit se réunir à la mi-journée pour prendre une décision. L'isolement du pays par les airs n'aura donc duré que trente-six heures. Trop long, pour certains. 
Comme cet ancien vice-ministre de la Défense. En direct à la télé, il se demande si la suspension des vols, qui avait commencé avec les compagnies américaines, ne constitue pas "une trahison des États-Unis et de son chef suprême Barack Obama". Pas plus, pas moins. Les nerfs de cet ancien responsable gouvernemental ont-ils craqué ?
Des banderoles "Nous sommes forts ensemble !" dans les rues de Jérusalem ©  DR
Dans le centre de la Jérusalem juive, de larges banderoles sont apparues ces derniers jours : sur un fond blanc-bleu, les couleurs du drapeau israélien, on peut lire "Nous sommes forts ensemble". Comme une sorte de méthode Coué alors que le bilan des pertes de l'armée ne cesse de monter. 

Depuis le début de l'offensive terrestre, 32 officiers et soldats ont perdu la vie. Plus d'une centaine ont été blessés, dont sept très grièvement. Les télés et les radios ont beau sonner les trompettes de l'héroïsme et de l'union nationale en multipliant les "belles" histoires et "l'exceptionnelle dignité de tout un peuple dans l'épreuve", le moral de la rue n'est pas au beau fixe. 
La tension est forte, comme le reflète cette scène dans un supermarché de quartier. Alors que les clients attendent aux caisses, une femme arrive en hurlant. Elle jette un paquet de viande à la préposée du magasin et lance : "Sens, ça pue. Je lui ai dit au boucher que son étal sentait mauvais... Qu'est-ce qu'il veut : nous empoisonner tous ?" 
Face au calme de la préposée, elle se tourne vers des clients en hurlant : "Toute ma voiture pue maintenant." Le nom du jeune boucher : Raïs, un Palestinien de Jérusalem-Est...

Racisme anti-arabe

Des femmes palestiniennes prient devant la Mosquée Al-Aqsa de la vieille ville de Jérusalem le 23 juillet ©  AHMAD GHARABLI / AFP
Dans son éditorial de jeudi matin intitulé "Le jour d'après", la rédaction du quotidien de gauche Haaretz écrit : "C'est l'une des conséquences les plus graves de l'opération Bordure protectrice : les dégâts qu'elle a provoqués sur les relations entre Juifs et Arabes. Jamais, auparavant, nous n'avions été témoins de telles tentatives de porter concrètement atteinte aux citoyens arabes et de leur donner le sentiment qu'ils ne sont pas partie prenante de ce pays...

" En conclusion, le journal définit l'une des tâches les plus urgentes à engager dès la fin des hostilités : "celle de ne pas permettre aux forces du mal d'approfondir la fracture et de dissoudre ce partenariat (entre Juifs et Arabes) important qui est le fondement de l'État d'Israël".
Et quid du cessez-le-feu ? Malgré les efforts de messieurs Kerry et Ban Ki-moon, c'est toujours l'impasse. Même si à Gaza on enregistre une certaine baisse d'intensité dans les combats. Jeudi matin, les chaînes diffusent les images de 150 Palestiniens qui se sont rendus à l'armée israélienne à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. 
Les médias ont d'abord annoncé qu'ils étaient tous du Hamas, mais expliquent, depuis, que, parmi ces prisonniers, certains n'appartiennent pas à l'organisation islamiste. À suivre.
Enfin, le statut international d'Israël subit des craquements. Mercredi, ce fut la décision du Conseil des droits de l'homme de l'ONU d'enquêter sur la possibilité de crimes de guerre commis par Israël. Et maintenant, c'est le Brésil qui rappelle à Brasilia son ambassadeur pour consultations.

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