Toujours pas de trêve en vue dans le nouveau conflit israélo-palestinien, déjà plus meurtrier que la dernière opération menée par Israël contre le Hamas en 2012. Alors que le cabinet de sécurité israélien a approuvé, mardi 15 juillet au matin, la proposition égytienne d'un cessez-le-feu, un dirigeant du Hamas a fait savoir que le mouvement continuait de son côté à débattre.
Jusqu'à présent, le groupe islamiste campait sur ses positions en rejetant fermement ce dispositif, estimant qu'il ne remplit pas les conditions jugées nécessaires pour un arrêt des combats.
ISRAËL FAIT UN PAS
Le cessez-le-feu proposé par Le Caire lundi prévoit un « arrêt total des hostilités aériennes, maritimes ou terrestres » à compter de mardi à 8 heures, heure française, et l'ouverture dans la foulée de négociations sur l'entrée des biens et des personnes dans l'enclave palestinienne sous blocus.
L'Egypte propose également d'accueillir sous quarante-huit heures deux délégations palestinienne et israélienne de haut niveau pour ouvrir ces discussions.
« Le cabinet a décidé d'accepter l'initiative égyptienne pour un cessez-le-feu », a répondu le porte-parole du premier ministre Benyamin Nétanyahou, sur son compte Twitter mardi matin. La radio militaire israélienne n'a toutefois pas donné de détails sur la répartition du vote alors que le cabinet de sécurité israélien était divisé sur la question d'une trêve « unilatérale » avec le Hamas.
LE HAMAS VEUT UN ACCORD GLOBAL
De son côté, la branche armée du Hamas, les brigades Ezzedine Al-Qassam, avait répondu un peu plus tôt à cette proposition de trêve : « Il s'agit d'une reddition et nous la rejetons sans appel », promettant que leur « bataille contre l'ennemi s'intensifiera. ».
Une roquette lancée de Gaza mardi matin et qui a touché la ville d'Ashdod dans le sud d'Israël est venue confirmer ces propos. « Aucun blessé n'a été signalé », a indiqué Louba Samri, une porte-parole de la police israélienne.
Lire aussi notre entretien avec le spécialiste Jean-François Legrain : « Le Hamas ne cédera pas face à Israël »
Un porte-parole du mouvement islamiste avait fait savoir dans la nuit qu'il rejettait tout cessez-le-feu qui n'inclurait pas un accord complet sur le conflit :
« En temps de guerre, on ne cesse pas le feu pour ensuitenégocier. »
Le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, exige notamment :
- l'arrêt des bombardements israéliens,
- la fin du blocus de Gaza en place depuis 2006,
- l'ouverture du poste frontalier de Rafah avec l'Egypte,
- la libération des prisonniers arrêtés de nouveau après avoir été relâchés après l'accord d'échange du soldat israélien Gilad Shalit, en 2011.
JOHN KERRY ATTENDU AU CAIRE
Le président palestinien, Mahmoud Abbas, s'était auparavant félicité de l'initiative égyptienne et avait appelé les parties à respecter le cessez-le-feu. Côté israélien, seuls deux ministres – le très conservateur ministre des affaires étrangères, Avigdor Lieberman, et celui de l'économie – ont voté contre le plan de paix, selon le journal israélien Haaretz.
L'émissaire du Quartette pour le Proche-Orient, Tony Blair, avait, quant à lui, salué l'offre du Caire, qui pourrait « arrêter la perte tragique de vie humaine, les roquettes sur Israël ». Le président américain Barack Obama a fait des déclarations du même ordre, parlant de la mort de civils palestiniens comme d'une« tragédie » mais en déclarant qu'Israël avait le droit de se défendre contre des attaques « inexcusables ». Le secrétaire d'Etat américain John Kerry est attendu dans la journée de mardi au Caire
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« CRIME CONTRE L'HUMANITÉ »
La capitale égyptienne a déjà été le cadre d'une réunion extraordinaire des ministres des affaires étrangères de la Ligue arabe lundi soir. Après avoir prié en la mémoire des victimes de Gaza, les ministres de la Ligue arabe ont appelé le Hamas et Israël à s'engager au cessez-le-feu.

A l'ouverture de la réunion, le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Al-Arabi a accusé Israël de perpétrer des « crimes de guerre » et des « crimes contre l'humanité » à Gaza, regrettant qu'« Israël bénéficie d'une immunité politique [et] commet[te] des crimes sans en être tenu responsable ».
Le ministre des affaires étrangères palestinien a ensuite affirmé que l'offensive aérienne sur Gaza n'était « pas une guerre entre deux armées, ni contre le Hamas, mais une guerre contre le peuple palestinien tout entier et contre ses droits ».
VINGT-CINQ NOUVEAUX RAIDS
Car, si les négociations semblent achopper, les bombardements israéliens dans la bande de Gaza et les tirs de roquette du Hamas, eux, se poursuivent. L'aviation israélienne a mené depuis lundi minuit 25 nouveaux raids contre des « objectifs terroristes » sur la bande de Gaza, ayant fait deux nouveaux morts parmi les civils palestiniens.
Selon Israël, deux roquettes tirées de la bande de Gaza sont tombées dans le même temps dans le sud d'Israël, sans faire ni victimes ni dégâts.
En une semaine, les bombardements israéliens ont fait 189 morts et près de 1 300 blessés dans la bande de Gaza, selon des services de secours. Un bilan qui dépasse donc les 177 Palestiniens tués lors de la précédente opération israélienne de grande envergure contre l'enclave palestinienne en novembre 2012, baptisée « Pilier de défense ».
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