L'accalmie de la nuit n'aura pas duré, laissant tout juste le temps de retrouver des dizaines de morts supplémentaires dans les décombres. Les raids israéliens ont repris dans la bande de Gaza, lundi matin, au lendemain de violents bombardements sur un quartier à l'est de la ville. Plus de 120 Palestiniens y ont perdu la vie, tandis qu'Israël recense 13 soldats morts dont deux Américains, ce qui fait de dimanche la journée la plus meurtrière depuis le début du conflit. La présence du secrétaire de l'ONU, Ban Ki-Moon, sur place, n'a pas permis de conclure un cessez-le-feu.
• Offensive renforcée
Lundi matin, l'armée israélienne a poursuivi ses bombardements sur des cibles palestiniennes dans la bande de Gaza. Au moins 9 Palestiniens d'une même famille, dont 7 enfants, ont été tués lors d'un raid aérien à Rafah, dans le sud. Dix Palestiniens qui avaient réussi à s'infiltrer par deux tunnels de la bande de Gaza dans le sud d'Israël ont été tués.
Dans le même temps, les recherches de victimes continuent dans les décombres du quartier de Chajaya, à l'est de Gaza. Le secteur a été pilonné tout au long de la journée de dimanche par les chars israéliens, deux jours après le début d'une offensive terrestre. «Chajaya est une zone civile où le Hamas a placé ses roquettes, ses tunnels, ses centres de commandement», a justifié l'armée israélienne, «cela fait des jours que nous avons prévenu les civils de Chajaya qu'ils devaient évacuer. Le Hamas leur a ordonné de rester, c'est le Hamas qui les a mis dans la ligne de mire».
Dimanche à la mi-journée, le Hamas et Israël s'étaient accordés sur une trêve de deux heures pour permettre l'accès des secours aux décombres, à la demande de la Croix-Rouge. Elle a cependant échoué, l'armée israélienne ayant affirmé riposter à des tirs du Hamas.
• Enlèvement revendiqué d'un soldat israélien
La branche armée du Hamas a revendiqué dimanche soir l'enlèvement d'un soldat israélien, déclenchant des manifestations de joie dans les rues de la ville de Gaza. «Le soldat israélien Shaul Aaron est entre les mains des Brigades Ezzedine al-Qassam», le bras armé du mouvement islamiste, a déclaré leur porte-parole dans une allocution télévisée. Il n'a fourni aucune preuve de la détention du militaire.
L'ambassadeur israélien à l'ONU Ron Prosor a démenti cet enlèvement, affirmant que «ces rumeurs sont fausses». Les chaînes de radio et de télévision israéliennes et la plupart des sites internet ont ignoré l'information. S'il se confirmait, cet enlèvement serait le premier depuis la libération, en 2011, du soldat israélien Gilad Shalit, après plus de cinq ans de détention, en échange de la libération d'un millier de détenus palestiniens.
• Plus de 500 victimes en deux semaines
Lundi, plus de dix Palestiniens qui avaient réussi à s'infiltrer par deux tunnels de la bande de Gaza dans le sud d'Israël ont été tués lundi matin par des soldats israéliens, a annoncé un porte-parole de l'armée. «Des terroristes qui s'étaient infiltrés en Israël par deux tunnels dans le nord de la bande de gaza ont été interceptés par l'armée israélienne qui a tué plus de dix terroristes», a affirmé le porte-parole sur son compte Twitter.
Le bilan de 62 victimes recensées dimanche soir dans le quartier de Chajaya s'est alourdi lundi matin, avec la découverte d'au moins une trentaine de corps. Les corps de 16 Palestiniens tués dans un raid ont également été retrouvés dans le sud. Le total de victimes palestiniennes dépasse désormais les 500 morts depuis le 8 juillet. Deux civils israéliens ont également été tués depuis le lancement, le 8 juillet, de l'opération «Bordure protectrice».
Pour l'armée israélienne, la journée de dimanche a été noire également: avec 13 soldats de la brigade d'élite Golani tués, le bilan des militaires morts dans l'offensive monte à 18, un nombre jamais vu depuis la guerre du Liban en 2006. L'armée a aussi comptabilisé au moins 55 blessés. Ce bilan est le plus lourd pour l'armée israélienne depuis le conflit de l'été 2006 contre le Hezbollah au Liban.
Deux Américains figurent parmi les 13 militaires israéliens tués. Max Steinberg, un Californien, était tireur d'élite dans la Brigade Golani de l'armée israélienne. Nissim Sean Carmeli, originaire du Texas, combattait aussi dans la Golani Brigade.
L'ONG Médecins sans frontières (MSF) a appelé lundi Israël à «cesser de bombarder les civils pris au piège dans la bande de Gaza et à respecter le personnel médical comme les structures de santé». L'ONG indique que «la majorité des morts à Gaza sont des civils», soulignant que la plupart des blessés «qui arrivent en salle d'urgence sont des femmes et des enfants».
• Préoccupations diplomatiques
Le président américain Barack Obama, s'inquiétant du «nombre croissant de morts» à Gaza, a indiqué que son chef de la diplomatie John Kerry allait se rendre au Caire lundi, et a dit rechercher un «cessez-le-feu immédiat».
Le Conseil de sécurité de l'ONU a également exprimé dimanche soir sa «grave préoccupation devant le nombre croissant de victimes» du conflit à Gaza et réitéré son appel à «cesser immédiatement les hostilités». Dans une déclaration lue par le président du Conseil à l'issue de deux heures de consultations à huis clos, les 15 pays membres «appellent au respect des lois humanitaires internationales, notamment sur la protection des civils».
Les dirigeants palestiniens et la Ligue arabe ont accusé Israël de commettre un «crime de guerre» en pilonnant Chajaya, tandis que le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon a entamé une tournée dans la région pour tenter de mettre fin au conflit.
Le président palestinien Mahmoud Abbas est arrivé dimanche au Qatar pour des pourparlers en vue d'une trêve. Il y sera rejoint par le secrétaire Général des Nations-Unies, Ban Ki-Moon, qui a entamé dimanche une tournée au Moyen-Orient qui devrait le mener au Qatar, puis au Caire, à Jérusalem, Ramallah et Amman. Mahmoud Abbas a également rappelé dimanche son soutien au plan égyptien pour un cessez-le-feu, qui a été refusé par le Hamas et accepté par Israël.
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