samedi 19 avril 2014

Bientôt plus que des médecins retraités ?


La médecine générale est une des dernières spécialités choisies par les jeunes médecins (qui préfèrent exercer dans des spécialités plus rémunératrices).

L’AFP nous apprend que le conseil général du Loiret fait appel aux médecins retraités afin de pourvoir aux postes vacants dans le département.
Le problème n’est, hélas, pas nouveau. Déjà le 9 août 2012, le quotidien Sud-Ouest rapportait que la Caisse primaire d’assurance maladie de la Dordogne effectuait la tournée des marchés des villes touristiques du département, pour y rencontrer les professionnels de santé en vacances et les inciter à venir s’installer en Périgord, ce qui illustre bien l’inquiétude des instances sanitaires.
Car maintenant, à la diminution globale de leur nombre s’ajoute une baisse de la motivation chez les jeunes diplômés pour exercer la médecine générale. 
On assiste ainsi à l’apparition, sur la carte, de zones où la présence médicale disparaît, sans que pour autant ne change l’environnement, créant de véritables friches médicales. Au problème de la répartition territoriale s’ajoute aussi celui de la pénurie.
Ce phénomène a commencé à être sensible dans les hôpitaux il y a quelques années, et se manifeste maintenant dans certaines zones rurales et même urbaines.
Sachant qu’il faut environ 10 ans pour former un médecin et que les départs à la retraite sont faciles à anticiper, il n’était pas difficile de prévoir la situation actuelle. Est-ce de l’incompétence ou une volonté délibérée qui nous ont conduits dans cette situation ?
La médecine générale est une des dernières spécialités choisies par les jeunes médecins (qui préfèrent exercer dans des spécialités plus rémunératrices). 
De plus, ils préfèrent un exercice salarié à un exercice libéral. Et enfin, parmi ceux qui choisissent le statut libéral, la plupart d’entre eux préfèrent le statut de remplaçant à celui de médecin installé (étude de l’Ordre des médecins 2012).
À cela, plusieurs raisons : la société a changé, les malades sont devenus plus exigeants, les contraintes économiques sont incontournables, et les critères de vie de nos jeunes diplômés ne sont pas ceux de leurs pères. 
La féminisation de la profession (60 % des étudiants en médecine sont des femmes) a largement contribué à modifier l’exercice médical. La vie familiale n’est plus négligée chez les jeunes confrères comme elle l’était (voire totalement mise de côté) par les médecins plus âgés. 
Le sacerdoce, cher aux générations précédentes, a souvent disparu de leur motivation, au profit de pratiques plus techniques pour la prise en charge de la pathologie et du malade.
Alors que faire ? Ne faudrait-il pas accepter l’idée que, dans certaines zones, l’exercice libéral de la médecine n’est plus adapté aux besoins ? 
On peut, dès lors, envisager la création de centres de santé, dont le financement serait assuré par la collectivité (territoriale ou l’État), afin que les populations locales puissent avoir recours à des prestations de soins identiques à celles dont elles pourraient bénéficier dans d’autres endroits où la médecine libérale assure ce service de santé publique, et il serait sûrement plus facile de recruter de jeunes médecins en leur proposant un contrat de deux ou trois ans renouvelable, avec un salaire attractif (ce qui correspondrait à leurs attentes : salariat et crainte de s’engager à vie), plutôt que de tenter de les appâter par des primes à l’installation ou de les contraindre par des mesures autoritaires.
Peut-être faudrait-il aussi revoir leur sélection, qui s’effectue sur des critères scientifiques, certes faciles à interpréter et donc à noter, plutôt que sur des critères qui permettraient d’évaluer leur aptitude et leur motivation à soigner leurs semblables.
 Il serait plus logique d’obliger les futurs carabins à effectuer un stage infirmier d’une année, à l’issue duquel seuls les plus compétents et les plus motivés seraient retenus, et supprimer le numerus clausus.
Trop simple, sans doute !

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