lundi 7 avril 2014

3 options pour sortir de l’impasse Abu Mazen........


Négociations : les options se limitent, drastiquement, à : la poursuite d’un jeu de dupes, la quête improbable d’un accord intérimaire ou à se tourner vers le bloc saoudo-EAU-égyptien pour explorer une piste alternative, englobant la question palestinienne dans l’ensemble des problématiques régionales.
Le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas, qui a près de 80 ans, a prouvé plus qu’à son tour, au cours de ces deux dernières décennies, qu’il n’apposerait jamais sa signature au bas d’un document d’accord qui mettrait un terme au conflit avec Israël. S’il voulait réellement parvenir à un Etat palestinien indépendant, il aurait pu, à n’importe quel moment, suivre la voie de l’autodétermination, choisie par David Ben Gurion, lorsqu’il a déclaré l’Etat d’Israël, le 14 mai 1948, à Tel Aviv.

 Si Abbas -(plus connu sous son nom de guerre, serait-elle juridique : Abu Mazen)- avait formellementconvoqué une assemblée de la communauté palestinienne et de ses principaux dirigeants institutionnels au Parlement palestinien à Ramallah et proclamé l’Etat indépendant, il y a peu de moyens auxquels Israël aurait pu avoir recours pour l’en empêcher.

Mais cela ne correspond pas au chemin qu’il poursuit et cela n’a jamais été le cas, car, pour lui,l’Indépendance palestinienne n’est rien d’autre qu’un slogan creux et abstrait qui ne doit jamais voir le jour.

En 1995, Abbas et la “colombe” politique israélienne, Yossi Beilin, avaient conjointement ébauché un document [d’accord définitif], qui a, ensuite, porté leurs deux noms. Il offrait une formule de résolution du conflit palestinien – sauf qu’en définitive, il a trouvé divers prétextes pour ne jamais le contresigner. Il ne pouvait pas s’en tenir à son engagement, parce que cela entrait en conflit avec ses principes fondamentaux et qu’il aurait mis en péril sa survie politique.

Aujourd’hui, également, et plus encore qu’à l’époque, un Etat palestinien mettrait un terme à la carrière d’Abbas en tant que chef palestinien. Il a mis les six villes de Cisjordanie/Judée-Samarie sous sa férule, passées sous le contrôle de l’Autorité Palestinienne, sans mandat légal. Les dernières élections en 2006 ont apporté seulement 48 sièges à son parti du Fatah contre 76obtenus par son rival et frère ennemi, le Hamas [qui donc, devrait, légalement, régner sur Ramallah et poursuivre la même guerre de harcèlement que dans le sud, à Gaza].

Israël, les Etats-Unis et l’Europe ont, par conséquent, joué le jeu du respect envers un "partenaire" palestinien, approché comme s’il était légitime pour négocier, alors que ce personnage n’est pas éluet qu’il ne fait régner sa loi que grâce au renfort de sept bataillons de sécurité palestinienne, que l’Amérique et l’Europe ont accepté de financer à hauteur de 2 milliards de $, après l’interruption de l’aide arabe. Un supplément de trois bataillons doit encore s’ajouter à cette garde prétorienne.

C’est uniquement ainsi qu’Abu Mazen est en mesure de poursuivre cette mascarade, comme s’il s’efforçait sincèrement de parvenir à l’Indépendance palestinienne, en continuant de parler affaires, avec deux objectifs :

- cela le maintient au pouvoir, par la seule grâce de sa reconnaissance internationale surfaite,
- et les donations continuent d’alimenter les rouages de son régime corrompu et de couvrir lessalaires de ses forces de sécurité. Cela ne laisse pratiquement pas un sou vaillant à l’intention de la famille moyenne palestinienne.

Pour se payer un petit fond de crédibilité aux yeux de la rue, Abbas doit montrer au peuple qu’il est le seul dirigeant capable de forcer Israël à libérer des Palestiniens condamnés à de longues peines de prison. Il y parvient, jusqu’à présent, très bien, en montant les enchères au prix fort, seul moyen pour qu’il ne claque pas la porte des négociations.

Tant que l’argent coule à flots et que les terroristes palestiniens sortent des prisons israéliennes, aucune voix, dans les cercles qui comptent, ne se fait réellement entendre à Ramallah, contre les pratiques quotidiennes de corruption qui rongent le régime.

Abbas a donc, logiquement, fulminé et s’est plaint amèrement, lorsqu’Israël a suspendu le quatrième lot de 26 prisonniers palestiniens dont la libération était prévue, le 30 mars, pour le sanctionnerd’avoir envoyé sa candidature à 15 agences de l’ONU et vouloir signer des conventions pour en devenir membre, en violation de tous les accords signés durant les négociations. Israël a aussi répliqué à Abbas, par une menace de sanctions – certaines dirigées contre ses intérêts commerciaux personnels.

Le dur labeur du Secrétaire d’Etat américain John Kerry, l’aspirant faiseur de paix, ne lui est pas seulement revenu en pleine figure, mais il a suscité de vertes critiques de la part de ses collègues à la Maison Blanche et au Département d’Etat. Il a encore tenté, jeudi, de parler aux dirigeants israéliens et palestiniens dans ce qu’on a décrit comme une tentative désespérée de ramener les deux parties à la table des négociations.

Le Secrétaire américain a renvoyé dos-à-dos aussi bien un camp que l’autre, pour s’être engagés dans des tactiques d’escalade, mais il sait pertinemment quel est le camp qui a provoqué la rupture. Kerry doit, à présent, réaliser que toute l’histoire d’Abu Mazen et son long palmarès de retrait de toute tentative de dialogue fructueux rendait, d’avance, ce résultat inévitable. Au lieu de chercher un accord intérimaire, qu’il n’a jamais sérieusement envisagé, plutôt que des résolutions définitives, il aurait mieux fait de ménager une trêve de quelques années dans le conflit, bien que celle-ci, aussi, aurait fini par éclater, du fait des mêmes dynamiques propres aux Palestiniens.

Par le passé, Abu Mazen n’avait qu’une seule voix exprimant un dissentiment effectif à contenir. Celle de son rival de toujours, Mohamed Dahlan, qui a fini par quitter sa couchette confortable au sein de l’Autorité Palestinienne et des conseils du Fatah à Ramallah pour partir en exil. Là encore, Abbas a réussi, provisoirement, sans doute, à retomber sur ses pieds.

Plus jeune qu’Abbas de près de 30 ans, Dahlan est resté persona non grata pour Israël en tant qu’ancien homme fort à Gaza et terroriste innovant.

Il reste un personnage problématique, sur au moins 3 points :

1. Il y a sept ans, il a extorqué une énorme somme au gouvernement américain – estimée à 1 milliard de $ - en promettant de débarrasser la Bande de Gaza du règne sans partage du Hamas. Il n’a jamais commencé à réaliser cet objectif et refusé de rembourser l’argent. C’est un compte que les Etats-Unis espèrent bien régler un jour. En outre, il a œuvré avec l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis, dans leur offensive contre les politiques de l’Administration Obama au M.O

2. Du fait de ses critiques débridées de Mahmoud Abbas et ses appels à son limogeage, Dahlan doit échapper à ses ennemis qui ont juré de le détruire.

3. Dahlan a, par contre, réussi à gagner la sympathie et le patronage des puissants dirigeants du Golfe. Avec leur aide, il s’est établi trois mois au Caire, au sein du cercle rapproché des conseillers de l’homme fort égyptien, Abdel-Fatteh El Sissi sur la question palestinienne. Ceci explique pourquoi Abbas évite à tout prix Le Caire. Le renégat palestinien a obtenu cette place de choix grâce à l’influence du Prince couronné des EAU, l’Emir Mohammed Bin Zayed Bin Sultan al Nahyan, qui est l’un des plus généreux banquiers d’El Sissi et qui est à l’avant-garde de la campagne saoudo-émiratie visant éradiquer les Frères Musulmans.
Les discussions de coulisse à Ramallah, cette semaine, ne concernaient pas la rupture des négociations, qui ne surprennent personne, ici, mais l’intérêt, pour l’avenir du destin palestinien, de se lancer dans la guerre saoudo-émiratie-égyptienne contre les Frères Musulmans et leur filière duHamas – bien loin de l’horizon esquissé par les Américains. Le rival d’Abbas, Dahlan s’annonce comme élément-facilitateur, avec les obstacles soulignés ci-dessus.

Cette inclination a bien été repérée par certains cercles dans le gouvernement et les renseignements israéliens, à en juger par le commentaire du Ministre des Affaires 
étrangères,Avigdor Lieberman, mercredi 2 avril, au cours d’une petite réunion officielle, marquant la préparation des fêtes de Pessah. Il faisait remarquer que la balle est, désormais, dans le camp palestinien. « Indépendamment des négociations, Israël a découvert un horizon politique attractif, dans des endroits tels que les Emirats pétroliers arabes et l’Arabie Saoudite », déclarait-il, en ajoutant : 

« Si Abu Mazen a la volonté de nous suivre dans cette direction, c’est bien. Si ce n’est pas le cas, nous n’avons pas besoin de lui ».

Ce commentaire suggérait qu’Israël réfléchit à l’idée de nouer des contacts avec le bloc saoudo-émirati-égyptien émergent et d’y inclure le problème palestinien. Pour peu que cette réflexion se cristallise en une politique plus consistante, elle esquisserait une approche israélienne alternative à la question palestinienne.

La condition sine qua non serait de ne plus traiter, comme le font, actuellement Américains et Européens, ce sujet palestinien comme "la clé de voûte" et le problème "central" d’une région en pleine phase de déstabilisation, alors qu’il ne s’agit que de satisfaire aux desiderata d’un potentat local.
Il faudrait, alors, conditionner sa résolution à des priorités sécuritaires communes à la plupart, comme : l’extension de "l’arc chi’ite", l’afflux de Jihadistes en Syrie, dans le Sinaï et au Liban, le programme nucléaire iranien et ses menaces pour ses voisins immédiats, voire, l’établissement d’un parallèle, entre la question légitime des Kurdes, sur au moins 3 frontières et celle qui s’est imposée médiatiquement, des Palestiniens.

Ainsi, même s’ils s’enlisent, comme aujourd’hui, dans les sables mouvants, au moins les dossiersurgents et vitaux seront-ils traités. Et il y aura, alors, bien d’autres sujets à discuter, à l’Assemblée Générale de l’ONU ou au Conseil des Droits de l’Homme du même organisme...



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