lundi 31 mars 2014

La première inauguration de la tour Eiffel.....


Le 30 mars 1889, le dernier rivet est vissé sur la dame de fer. À cette occasion, Gustave Eiffel décide de célébrer la fin de deux ans, deux mois et cinq jours de travaux titanesques. Evene vous raconte le détail cette journée si particulière qui précède le baptême officiel prévu le 6 mai.
La Tour sauve la République
À l’origine, l’ouverture au public de la Tour Eiffel est prévu le premier jour de l’Exposition Universelle célébrant le centenaire de la République. Mais l’affaire Boulanger bouscule le calendrier. Ce général bonapartiste a remporté des élections à Paris le 27 janvier 1889 et menace la IIIe République affaiblie. Le Ministre de l’Intérieur Ernest Constans fait savoir à Boulanger que son arrestation est imminente. Avec la complicité tacite de la police, ce dernier s’enfuit en Belgique. Ernest Constans demande alors à Gustave Eiffel d’organiser une fête «intime» afin de faire à la Une des journaux et de reléguer ainsi au second plan la cavalcade du général.
Les invitations
Le 29 mars 1889, le président du Conseil municipal de Paris Émile Chautemps adresse une circulaire à tous les conseillers. La Tour a atteint la hauteur de 300 mètres, il les prie «d’assister à la fête intime du chantier qui aura lieu à cette occasion dimanche à une heure et demie» à la demande de M. Eiffel. Une seconde note donne les précisions suivantes: «Chaque conseiller pourra être accompagné d’une personne».
Des invités privilégiés
Gustave Eiffel souhaite partager ce moment avec ceux qui l’ont aidé à atteindre son but. Ouvriers, contremaîtres, chefs de chantiers et ingénieurs viennent assister à la cérémonie. Outre les membres du Conseil municipal, quelques représentants du ministère du commerce les directeurs de l’Exposition et les directeurs des grands journaux sont également conviés à découvrir celle dont tout le monde parle.
La Tour en chiffres
La Tour de 300 mètres comme on l’appelle à l’époque collectionne les records. 50 dessinateurs exécutent 5 300 dessins de 80 x100 cm soit plus de 4000 m² de croquis. 30 000 m3 de déblais sont évacués pour préparer le terrain. 132 ouvriers assemblent 18 038 pièces en fer et 2 500 000 rivets en 20 000 heures de travail. Le poids de sa charpente est de 7 300 tonnes. C’est le bâtiment le plus élevé du monde jusqu’au 14 mars 1930, date à laquelle elle est détrônée par le Chrysler Building à New-York.
Les conseils d’Eiffel
Avant d’entreprendre l’ascension, l’ingénieur prodigue quelques conseils pour gravir les 1 710 marches qui les séparent du sommet: «Il faut monter lentement, le bras droit à la rampe en balançant le corps d’un côté puis de l’autre et en profitant de l’élan pour franchir chaque marche.» Il affirme mettre trois-quarts d’heure pour arriver en haut. L’histoire ne dit pas combien d’invités ont eu un point de côté. On sait juste qu’un député anonyme sujet au vertige monte les yeux bandés accroché au bras d’un visiteur.
L’ascension
À une heure trente précise, le petit groupe de deux cents personnes emmené par Gustave Eiffel commence la montée. Les ascenseurs ne fonctionnent pas encore, ils seront mis en service les 26 mai et 16 juin. La montée est lente et souvent interrompue par Eiffel. À deux heures trente-cinq, une cinquantaine de grimpeurs atteignent la deuxième plate-forme à 276 mètres, une centaine d’accompagnateurs s’est arrêtée au premier. Seule une vingtaine de convives se hissent jusqu’au troisième étage.
La France à l’honneur
Lors du départ pour l’ascension, les musiciens de la Garde Républicaine venue aux frais de Gustave Eiffel entament l’hymne national pour donner du courage aux participants et rendre hommage à l’ingénieur. Arrivés au troisième niveau et rassemblés autour du père de la Tour, une nouvelle Marseillaise résonne. Entouré de quelques proches (Valentine, sa femme, Alphonse Salles, son gendre et complice professionnel, le journaliste Antoine de Restac, son ami) et de quelques officiels, Gustave Eiffel est chargé par l’ancien ministre Édouard Lockroy, initiateur du projet de hisser un grand drapeau français au sommet de la Tour. Cet acte officiel symbolise le triomphe de la technique et du génie national.
Gustave Eiffel
N’ayant pu gravir que les 347 marches du premier niveau, à cause de son cœur, le président du Conseil M. Tirard félicite Gustave Eiffel : «L’achèvement de ce monument superbe est un témoignage de ce que peut faire l’énergie d’un homme servi par ces braves travailleurs qui sont la force, la gloire, l’espérance de la Patrie.» Après son discours, il annonce que l’ingénieur est promu au grade d’officier de la Légion d’honneur. Un charpentier lui offre alors un bouquet de lilas.
Jour de fête
Pour annoncer aux Parisiens la fin de la construction de la Tour, on tire vingt-et-un coup de canons du troisième étage. Au pied de la Tour, de nombreux badauds ont suivi cette première ascension. Les ouvriers et leur famille ont profité du banquet arrosé de vin blanc. M. Chautemps, président du Conseil municipal leur annonce qu’une prime de 1000 francs leur sera versée. De quoi profiter du feu d’artifice tiré par la maison Ruggieri à partir de la seconde plate-forme et du bal qui clôture cette journée exceptionnelle.
L’ouverture au public
Ce n’est que le 15 mai 1889 que les visiteurs de la Tour peuvent accéder au monument. Durant la première semaine 28 922 personnes montent à pied jusqu’au premier étage et 17 430 jusqu’au second. Durant toute la durée de l’Exposition Universelle, les billets sont de trois couleurs différentes: rouge pour la première plate-forme, blanc pour la deuxième, bleu pour la troisième. Les tarifs sont progressifs: 2 francs pour monter au 1er, 5 pour le 3e et le dimanche c’est 1 franc. Gustave Eiffel a gagné son pari. Sa Tour de 300 mètres est un succès.

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