mercredi 31 juillet 2013

Marais : Le quartier juif parisien est-il en train de perdre son âme ?


A l’origine, cœur battant de la communauté, Le Marais est, actuellement, devenu le champ de bataille entre l’embourgeoisement bohème (Bo-bo, ou gentrification en termes plus urbains) et la vie juive française, passée et présente.
PARIS —. Situé sur la Rive Droite de la Seine, Le Marais était, depuis des siècles, le cœur battant de la vie juive parisienne – et aussi l’un des quartiers les plus pauvres de la capitale.

Bâti, à l’origine sur un marécage, ce quartier pittoresque et médiéval est, aujourd’hui, le foyer de la plus vaste communauté homosexuelle de la ville et il s’est entièrement transformé pour complaire aux touristes et aux Parisiens en quête de distractions.



Cependant, malgré le déclin inéluctable de la vie juive, dans l’environnement de la Rue des Rosiers, une poignée de résidents essaie de faire revivre son patrimoine culturel et historique.

“Dans les années 1970, Le Marais s’entourait d’une telle atmosphère chaleureuse de village, débordant de restaurants casher, de librairies juives, de bouchers, de barbiers et même de gens vendant des kapparot* dans les rues pour Yom Kippour », se rappelle Jean-Claude Marek, un retraité de 68 ans, qui vit dans la rue des Rosiers depuis plus de 40 ans.

“A l’époque, la vie de la communauté juive était authentique et vibrante, mais c’était un quartier pauvre, avec des endroits insalubres, des bâtiments délabrés, où les survivants de la Shoah vivaient côte-à-côte avec les Sépharades d’Afrique du Nord », poursuit-il. « Maintenant, regardez ce que c’est devenu : il s’est transformé en un musée folklorique à ciel ouvert, rempli de boutiques defringues de luxe, de cafés gourmets et de « pied-à-terre pour célébrités mondaines ! ».



Au cours des trois dernières années, Marek a travaillé comme volontaire au Café des Psaumes, un des établissements juifs les plus emblématiques du quartier.

Alécio de Andrade, ‘les Bouchers,’ 1975 (photo credit : courtesy Musée d’Art et d’Histoire du Judaisme)
Fermé depuis des années, le café a rouvert ses portes en 2010, grâce au soutien d’une organisation humanitaire juive, l’Œuvre de Secours aux Enfants (OSE), transformé en club social pour les personnes âgées.

“ Baroukh Hachem (D.ieu soit loué), il nous reste encore une poignée d’établissements comme celui-ci, pour préserver l’identité juive du Marais, mais j’ai le sentiment que cela devient une cause perdue », dit Marek.

Il explique qu’au cours des trente dernières années, la flambée des cours à la propriété a contraint les Juifs à quitter le quartier – il ne commence pas, aujourd’hui, à moins de 10.000 € le mètre-carré.

“Quand j’ai emménagé ici, dans les années 1970, j’ai payé l’équivalent de 2.000€/le mètre-carré. Si j’avais à chercher un appartement dans le Marais, aujourd’hui, je ne pourrais jamais me le permettre ».

Mais, selon Shmuel Lemarteleur, fondateur du Cercle d’Etudes Historiques du Marais (CEH), c’est la communauté juive dans son ensemble qu’on doit blâmer, pour ne « pas assez se battre très fort pour ramener le Pletzl à la vie ».

“Les dirigeants juifs sont trop vieux, et même si de nombreux jeunes se rendent dans le Marais, chaque week-end, ils ne s’impliquent pas assez dans la vie communautaire », affirme Lemarteleur. « Il existe aussi un manque chronique d’unité, au sein de la communauté juive, pour faire en sorte que les choses bougent ».

Faire un Don au CEH

Fondé il y a, à peine, trois ans, le CEH a pour vocation de transmettre la culture juive du quartier aux jeunes générations. Il lève aussi des fonds au bénéfice des survivants de la Shoah, qui subissent de plein fouet l’expérience de la pauvreté et de l’exclusion sociale. Certains d’entre eux, rappelle Lemarteleur, vivent encore dans le secteur de la Rue des Rosiers.


Alécio de Andrade, ‘Synagogue Rue des Ecouffes,’ 1974 (photo credit : Musée d’Art et d’Histoire du Judaisme)

“Sans un engagement plus fort de la communauté juive, Le Marais, tel que nous le connaissons, disparaîtra et deviendra la capitale du falafel de la Rive Droite, où les gens prendront des photos de Juifs religieux, comme s’il s’agissait d’une sorte d’attraction touristique », fait-il remarquer.

Cependant, les cinq synagogues du Marais attirent encore modérément les Juifs parisiens vivant dans les arrondissements alentour.

Daniel Altman, responsable de la synagogue Agoudas Akehilos de la rue Pavée, dit qu’environ 200 personnes se rendent, chaque semaine, à l’office de Shabbat.

Fondée en juin 1914, par les Juifs orthodoxes d’origine russe et conçue par l’architecte français de renom Hervé Guimard – célèbre pour ses conceptions dans le métro parisien – cette synagogue de style « Art Nouveau » est un testament vivant de la vague massive d’immigration venue d’Europe centrale et de l’Est, qui a commencé au début des années 1880.

“Ne le prenons pas trop au tragique : Le Marais n’est pas en train de perdre son âme juive, mais ce n’est plus le cœur de la communauté parisienne », relativise Altman. « C’était inévitable, parce que les Juifs ne vivent plus exclusivement dans ce secteur. Pourtant, beaucoup d’entre eux reviennent le week-end, pour s’imprégner de cette atmosphère unique, qu’on éprouve comme une portion de Jérusalem au beau milieu du Paris moderne ».

Le mystérieux minhag des Kapparot soulève beaucoup d’interrogations. Cette coutume consiste à prendre, la veille de Yom Kippour, un poulet vivant (un mâle pour les hommes, une femelle pour les femmes) et à le faire tourner au dessus de la tête en disant un formule qui charge la bête de nos péchés, en souhaitant que sa mort se substitue à la notre au cas où on la mériterait. L’animal est ensuite égorgé et soit donné en cadeau aux nécessiteux, soit mangé par son propriétaire qui en donne la valeur à la tsedaka. 

Ce rituel n’est mentionné dans aucune source antique (que ce soit dans la Torah Ecrite ou dans le Talmud), son apparition est donc forcément postérieure au Ve siècle de l’ère vulgaire. Les Richonim commencent à en parler au XIIe siècle, il s’est donc formé entre ces deux époques (plus probablement entre le VIIIe et le Xe siècle). Source :http://gamzouletova.blogspot.fr/201....

Par REBECCA BENHAMOU 

Adaptation : Marc Brzustowski


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