dimanche 22 juillet 2012

Rafle du Vél d'hiv : François Hollande pointe un "crime commis par la France" et salue le "courage" de Jacques Chirac....




Un "crime commis en France par la France": François Hollande a lancé une vibrante piqûre de rappel ce dimanche 22 juillet dans son discours sur la rafle du Vél d'hiv . Il y a 70 ans, 13.152 juifs de Paris et sa banlieue furent arrêtés les 16 et 17 juillet 1942, la plupart d'entre eux parqués dans le 
Vélodrome d'hiver (le Vél d'hiv, démoli en 1959), avant d'être envoyés vers les camps de la mort nazis. Pour l'actuel Président, comme pour Jacques Chirac qui avant lui avait reconnu le crime commis par l'Etat français, il ne s'agit pas d'oublier. Ce crime "fut une trahison de ses valeurs. Ces mêmes valeurs que la Résistance, la France libre, 
les Justes surent incarner dans l'honneur", a ajouté le chef de l'Etat, après être arrivé ce dimanche matin sur les lieux du Vél d'hiv, où il a déposé une gerbe et s'est incliné devant une plaque commémorative. De très nombreux ministres assistaient à la cérémonie.
Il a prononcé un discours employant les mots de "trahison" et a promis que les "noms de suppliciés" ne "tomberaient jamais dans l'oubli". "La vérité c'est que la police française s'est chargée d'arrêter de nombreux enfants". "La vérité c'est que pas un seul soldat allemand ne fut mobilisé, la vérité c'est que le crime fut commis en France par la France".
"Aucune personne n'est immunisée contre le mal"
"L'honneur fut sauvé par les Justes (..) par des héros anonymes qui cachèrent un voisin, qui risquèrent leur vie pour que soit épargnée celle des innocents", a dit encore François Hollande, en rendant ensuite hommage au général de Gaulle, à l'armée de la France libre, aux institutions juives qui "organisèrent le sauvetage de plus de 5000 enfants libres".
François Hollande a ensuite appelé à poursuivre le "travail de mémoire" affirmant ne pas se "résoudre à ce que deux jeunes sur trois ne savent pas ce qu'est la rafle du Vel d'Hiv".
 "Ce n'est pas l'histoire des Juifs c'est l'histoire de tous, c'est notre histoire", a dit encore le Président de la République, en assurant qu'il n'y aurait "pas un établissement scolaire où ne puisse être enseignée" la Shoah. Il n'y aura "pas de mémoire perdue", il faut "lutter sans relâche contre toute forme de falsification", a-t-il ajouté.
Ci-dessous Sarah Montard, 84 ans, l'une des dernières survivantes de la Rafle du Vel d'Hiv, montre les traces du tatouage infligé par les Allemands au camp de Birkenau ainsi que son t-shirt avec inscrit "Juif" en Français:
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"La Shoah a été permise par de multiples siècles de bêtise" notre "vigilance aujourd'hui ne doit jamais être mise en défaut, car aucune personne n'est immunisée contre le mal". "Ils n'étaient pas des monstres, ils avaient notre visage", a dit François Hollande. "La sécurité des Juifs de France n'est pas qu'une affaire de sécurité, c'est l'affaire de tous (...) l’antisémitisme n'est pas une opinion, c'est une abjection".
La "lucidité" et le "courage" de Jacques Chirac
"La Vérité ne divise jamais, elle rassemble", a clamé François Hollande, en rendant encore hommage à François Mitterand, Jacques Chirac, et Lionel Jospin qui participèrent chacun à leur manière à "poursuivre le travail commun de mémoire". "La reconnaissance de cette faute a été énoncée pour la première fois, avec lucidité et courage, par le président Jacques Chirac, le 16 juillet 1995", souligne aussi François Hollande dans le livret distribué à la presse et aux personnalités assistant à la cérémonie. 
Jacques Chirac s'était impliqué dans la reconnaissance de cette rafle, inaugurant en tant que Premier ministre dès 1986 une place en souvenir de ces crimes, la Place des Martyrs Juifs du Vélodrome d'Hiver, en compagnie de Simone Veil :
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La veille François Hollande avait rendu une visite "amicale" à l'ancien chef de l'Etatdans son château de Bity. L'ancien et l'actuel président avaient évoqué différents sujets dont le discours du Vel d'Hiv. C'est la première fois qu'un président de gauche va s'exprimer après Jacques Chirac, avait relevé un proche du chef de l'Etat.
"La haine antijuive tue à nouveau des juifs", rappelle Serge Klarsfeld
Présent à la cérémonie, Richard Prasquier, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), s'est félicité sur BFM-TV que François Hollande se soit inscrit, dans son discours, "dans la lignée" de Jacques Chirac et a jugé "très importantes" ses déclarations contre l'antisémitisme.
Intervenant avant le chef de l'Etat, Serge Klarsfeld, président de l'association des Fils et filles des déportés juifs de France, a souligné que "si 11.000 enfants juifs ont été déportés" de France pendant la Deuxième Guerre mondiale, "60.000 furent sauvés par la population française, qui, dans son ensemble, mérite d'être qualifiée de juste".
Mais "la haine antijuive tue à nouveau des juifs, des enfants juifs", a dit M. Klarsfled, faisant allusion à l'assassinat de trois enfants juifs et d'un rabbin en mars dernier à Toulouse par Mohamed Merah, également assassin de trois militaires. 
"Aujourd'hui, la République n'est pas menacée, nous avons confiance en elle pour endiguer et maîtriser ce nouvel antisémitisme qui jette aujourd'hui une ombre sur notre hommage aux victimes de la rafle du Vél d'hiv", a-t-il affirmé. "La communauté juive vous fait confiance et fait confiance à la République", a lancé pour sa part Richard Prasquier à François Hollande.
LIRE AUSSI:
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» BLOG : "Paulette, Liliane... ces enfants cachés en France", par Catherine Clément

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