mercredi 22 juin 2011

Dictée de finale pour les «Timbrés de l'orthographe»

Dictée de finale pour les «Timbrés de l'orthographe»

Philippe Delerm est le parrain de ce concours. (Frédérique Jouval/Le Figaro)
Philippe Delerm est le parrain de ce concours. (Frédérique Jouval/Le Figaro)

QUIZ - Ils étaient 20.000 au départ, il n'en reste que 500 pour participer à la finale du concours d'orthographe, dont Le Figaro Littéraire est partenaire. Testez vos connaissances avec la dictée de Philippe Delerm et notre questionnaire.

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Le texte de la dictée de Philippe Delerm

«On est en finale!» On imagine sans effort la mélodie qui accompagne cette phrase de triomphe, sans trop savoir s'il s'agit bien là de l'«air des lampions», connu de tous et attribué à une musique assez peu mélodieuse. Son compositeur semble avoir renoncé à se manifester, gâchant par pudeur des droits pharaoniques.

Le «on est en finale» est d'essence nettement sportive et concerne à l'évidence les sports tels que le football et le rugby. Il résonne d'une fierté franco-française, d'un orgueil de clocher. On ne saurait l'associer à des victoires planétaires.

(fin de la dictée Cadets)

On y perçoit aussi des connotations printanières, voire l'approche de l'été. Le sport de balle étant la préoccupation majeure de nos concitoyens, il serait d'autant plus tentant d'appliquer l'euphorie du «On est en finale!» à une épreuve intellectuelle qui s'immiscerait voluptueusement dans le calendrier. L'exclamation resterait tout intime, mais la mine réjouie de cinq cents timbrés d'orthographe de tous âges pourrait rivaliser avec les vociférations dues aux espérances de gloire, et signifier autant, dans la subtilité matoise du silence.

(fin de la dictée Juniors)

Quoi qu'en dise Pierre de Coubertin, l'essentiel n'est pas de participer, mais d'être en finale. Partir à plus de vingt mille et se retrouver cinq cents en arrivant au port, voilà de quoi inverser la dynamique cornélienne, et justifier un triple salchow mental oui, on peut être assis, un stylo à la main, et sauter de joie en son for intérieur. Et puis quoi? La sélection s'est faite sans violence. Pas d'ecchymoses relevées sur les adversaires, pas davantage d'échauffourées. On a fait tous les efforts qu'on a pu pour suivre le cours d'une dictée rapide à défaut d'être redoutable. Et voilà. Cinq cents timbrés silencieux comme des bernard-l'ermite à l'écoute d'un nouveau texte.

Connaissant la gourmandise de l'auteur, ils se sont approprié, à force de révisions, l'orthographe de plats dépaysants: goulash relevé de paprika, bortsch, haggis ou waterzoï. Certains juniors ont fait la grimace, déçus de n'être pas confrontés à ces difficultés qu'ils auraient maîtrisées. D'autres candidats avaient prospecté dans tous les bric-à-brac de la nomenclature sportive, et se disent déjà que leur savoir leur servira l'année prochaine. Ils seront en finale, le rendez-vous est pris.

Philippe Delerm

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