Des dizaines de milliers de Syriens en deuil enterraient leurs morts samedi au lendemain d'une répression féroce d'imposantes manifestations hostiles au régime, qui a coûté la vie à plus de 80 personnes et suscité l'indignation de la communauté internationale.
Les obsèques devaient être suivies d'une manifestation "gigantesque" contre le pouvoir, a indiqué un militant des droits de l'Homme sous le couvert de l'anonymat. Mais des "francs-tireurs" postés sur des immeubles et les forces de police auraient fait au moins treize morts parmi les participants. Cinq personnes auraient été tuées par balle dans la région de Deraa par les forces de sécurité, cinq à Douma (à 15 km au nord de Damas) par des tireurs embusqués sur des immeubles au passage du cortège funèbre et trois à Damas.
Deux députés, Nasser Hariri et Khalil Rifaï, ont affirmé en direct à la télévision al-Jazira avoir démissonné du Parlement pour protester contre la répression sanglante des manifestations. Le mufti de Deraa, plus haute autorité religieuse de cette ville du sud de la Syrie où est née la contestation, a lui aussi annoncé sa démission sur la télévision al-Jazira. "Il faut absolument que les autorités répondent à toutes les demandes" du peuple, a déclaré le mufti Rizik Abdel-Rahim Abazid.
MOSCOU DEMANDE DES RÉFORMES
Au moins 82 manifestants ont été tués et des centaines blessés, dont des enfants et des personnes âgées, selon des militants des droits de l'Homme qui ont averti que le bilan risquait de s'alourdir. La journée la plus sanglante jusque-là avait été le 23 mars à Deraa où plus de 100 personnes avaient péri. De Washington à Bruxelles, en passant par l'ONU, les Occidentaux ont exprimé leur indignation. Le président américain Barack Obama a directement accusé le président syrien de chercher l'aide de Téhéran afin de perpétrer cette répression.
La Russie a à son tour appelé samedi à une accélération des réformes en Syrie, pays avec lequel elle entretient de longue date des liens étroits. Moscou "s'inquiète de l'intensification des tensions et des signes de confrontation qui cause des souffrances à des personnes innocentes", écrit le ministère des affaires étrangères russe dans un communiqué. "Nous sommes fermement convaincus que seuls un dialogue constructif et une accélération des réformes politiques, sociales et économiques de grande ampleur telles qu'exposées par la direction syrienne peuvent permettre un développement stable et démocratique", ajoute le ministère. La Syrie, qui était le principal allié de l'ex-Union soviétique au Proche-Orient, reste un interlocuteur privilégié de la Russie dans la région, et continue d'acheter l'essentiel de ses armements à ce pays.
Le ministre des affaires étrangères, Alain Juppé, a lui aussi condamné samedi "la répression aveugle et brutale" et appelé les autorités syriennes "à renoncer à l'usage de la violence".
"MASSACRE TERRIFIANT"
Cette répression sanglante survient malgré la levée de l'état d'urgence en vigueur dans le pays depuis l'arrivée au pouvoir du parti Baas en mars 1963, qui interdisait les manifestations, et l'abolition des tribunaux d'exception. Mais pour l'opposition syrienne, ces mesures sont insuffisantes.
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