lundi 19 avril 2010

Stéphane Guillon bientôt dégagé de France Inter ?



Stéphane Guillon bientôt dégagé de France Inter ?


Une interview de Philippe Val, le boss de France Inter, en dit long sur ses intentions à propos de Stéphane Guillon.

Plus on écoute Stéphane Guillon, le matin, sur France Inter, plus on se demande si le comique n’essaie pas de se faire virer par sa direction. Histoire d’endosser un costume de martyre de la censure… et ainsi de rentrer au panthéon des grandes gueules préférées des Français.
Manque de bol pour Stéphane Guillon, ses patrons, qu’il houspille régulièrement dans ses papiers, ne semblent pas disposés à lui faire ce cadeau. Interviewé par nos confrères du Monde, Philippe Val, le boss d’Inter, lève le voile sur la stratégie qu’il compte employer pour limiter le pouvoir de nuisance de Guillon : la placardisation.
« Le problème ce n'est pas Stéphane Guillon en soi, c'est sa place. Il n'est écrit nulle part que l'humour doive intervenir à 7 h 55. Jusqu'où peut-on aller dans ce mélange sans nuire à l'information ? Le chantier est en cours, mais c'est une vraie interrogation. » déclare-t-il, après avoir précisé ne pas avoir « de leçon à donner sur ces questions-là. » « Ce que dit Stéphane Guillon ne me pose pas de problème, il est dans le champ démocratique : on peut dire tout ce qu'on veut sur ce que font les gens, pas sur ce qu'ils sont. » a-t-il justifié, avant de balancer une petite attaque acide : « Ce n'est pas Stéphane Guillon qui fait l'antenne : il ne représente que quelques minutes sur 24 heures d'émissions. C'est injuste qu'on ne parle que de lui. ».
Philippe Val va-t-il programmer Guillon à 1h30 du matin le mardi ? Ce serait une solution pour circonscrire l’impact de cet humoriste qui semble l’obséder. Mais il est fort à craindre que les auditeurs ne désertent une excellente tranche matinale, servie chaque matin par Nicolas Demorand.
Moins d'un an après son arrivée à la direction de France Inter, Philippe Val, 57 ans, doit présenter dans quelques semaines une nouvelle grille de programmes.
En arrivant, vous n'avez pas touché à l'équipe de direction. L'envisagez-vous désormais ?
Sur France Inter, deux animateurs sont menacés de licenciement Il y aura des changements sous peu. Je travaille à casser les cloisonnements, à fluidifier les échanges. Mais pour l'instant, je ne peux pas en dire plus.
Cela dit, les audiences sont bonnes...
Oui, je suis arrivé dans une radio qui fonctionne bien. La matinale se porte très bien, et des émissions comme celle de Stéphane Bern ou celles que j'ai introduites à la rentrée ont gagné des auditeurs.
Quelles conclusions tirez-vous de la polémique à propos de la chronique de Stéphane Guillon sur Eric Besson ?
Je n'ai pas de leçon à donner sur ces questions-là. Ce que dit Stéphane Guillon ne me pose pas de problème, il est dans le champ démocratique : on peut dire tout ce qu'on veut sur ce que font les gens, pas sur ce qu'ils sont. Après, la question porte sur le respect de l'autre. En démocratie, celui qui n'est pas respecté n'a pas la même liberté que celui qui est respecté. Or on doit tous avoir la même liberté. Je veux juste qu'on respecte ces règles-là. Maintenant, ce n'est pas Stéphane Guillon qui fait l'antenne : il ne représente que quelques minutes sur 24 heures d'émissions. C'est injuste qu'on ne parle que de lui.
Le problème ne tient-il pas au mélange des genres : placer du divertissement au coeur d'une tranche d'information ?
Vous avez raison. Le problème ce n'est pas Stéphane Guillon en soi, c'est sa place. Il n'est écrit nulle part que l'humour doive intervenir à 7 h 55. Jusqu'où peut-on aller dans ce mélange sans nuire à l'information ? Le chantier est en cours, mais c'est une vraie interrogation.
Certains estiment que M. Guillon s'enferme dans une surenchère et cherche à se faire licencier pour devenir un martyr. N'avez-vous pas le sentiment d'être piégé ?



Cela ne m'interdit rien.
Pourquoi avoir enclenché une procédure disciplinaire à l'encontre des deux animateurs de l'émission "Rue des entrepreneurs" ?
Ce sont deux professionnels compétents, passionnés, qui font une émission irréprochable sur le plan éditorial. Je n'ai pas de problème avec eux. Il s'agit d'une question disciplinaire qui concerne la direction des ressources humaines, cela date d'avant mon arrivée et la procédure est en cours.

Quel bilan tirez-vous de la réforme de l'audiovisuel public ?
En réalité, cela ne change pas grand-chose. Il y a un contrôle du CSA, du Parlement, avec un exécutif qui décide. L'équilibre des forces n'a pas beaucoup changé. A quoi peut-on le mesurer ? En écoutant la radio. La reprise en main n'est qu'un fantasme. L'indépendance s'entend à chaque quart d'heure.
Sauf que vos décisions, du fait de la nomination du président de Radio France par Nicolas Sarkozy, seront considérées comme suspectes...
Il ne faut pas se regarder dans l'oeil de son ennemi. Il s'agit de faire ce qui semble nécessaire, en l'adossant à l'intérêt général. Les réactions s'apaiseront lorsqu'on verra les résultats : qu'il n'y a pas moins de liberté, que la radio évolue.
Avec l'arrivée de Renaud Dély, on dit que les jours de la directrice de la rédaction, Hélène Jouan, sont comptés. Qu'en est-il ?
Je m'entends très bien avec elle. Il n'est pas question pour le moment de changement à la tête de la rédaction. Après, ce sera le désir de chacun de rester selon qu'il se sent bien ou pas dans son poste.

Quelles sont les lignes directrices de la prochaine grille ?
Nous sommes à une époque où il faut plus de lien dans la société. Or la radio c'est du lien. Pour cela, soit on envisage les choses du point de vue de leur dangerosité, des craintes qu'elles suscitent, et on fédère dans la détestation sur des sujets bien déterminés. C'est facile, mais ça ne débouche jamais sur une bonne analyse critique parce qu'on néglige les faits. Soit on veut faire aimer des sujets, et faire qu'on aime les aimer au travers du plaisir qu'on en retire : on suscite une curiosité qui n'empêche ni la lucidité ni l'exigence. La modernité, de Montaigne à aujourd'hui en passant par Diderot, c'est être en mouvement. Nous pouvons y participer en tant que service public.
Dans quelle proportion envisagez-vous les changements dans la grille ? Vous avez parlé d'un tiers...
J'ai été mal compris. Je voulais dire que changer même un tiers d'une grille c'est aller à l'accident : les auditeurs ne s'y retrouveraient pas. Une grille, il faut l'envisager dans son ensemble, comme une ruche. Sans rien toucher à l'ADN de cet ensemble, il faut l'adapter en continu à l'air d
Propos recueillis par Martine Delahaye et Stéphane Lauer

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

La grandeur de Binyamin Netanyahou....

Binyamin Netanyahou était en visite aux Etats-Unis pour la conférence annuelle de l’AIPAC. Cette visite devait être triomphale. Elle a ...