samedi 10 avril 2010

Les caméras de plus en plus répandues à l'école

Les caméras de plus en plus répandues à l'école


(Québec) Les caméras de surveillance sont de plus en plus répandues dans les corridors des écoles secondaires de Québec, gracieuseté du plan d'action gouvernemental pour lutter contre la violence à l'école. Mais cette solution est loin de faire l'unanimité.
Avril 2008. La ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, présente un plan d'action pour lutter contre la violence dans le réseau scolaire. Chaque école doit faire un état des lieux et adopter une stratégie d'intervention, qui peut se décliner différemment selon les établissements.


Deux ans plus tard, le portrait varie beaucoup d'une école à l'autre. Une panoplie de mesures ont été mises en place (voir autre texte). Plusieurs écoles secondaires de la région ont décidé, entre autres, d'augmenter le nombre de caméras vidéo entre leurs murs pour avoir leurs élèves à l'oeil.
C'est notamment le cas de l'école secondaire de la Courvilloise, à Beauport. «Si un élève veut lancer quelque chose sur un mur, il y a 52 caméras pour le voir», illustre le directeur adjoint Stevens Melançon, qui croit beaucoup à l'effet dissuasif de cette mesure. «Au niveau du vandalisme, on en a pour moins de 300 $ par année» en réparation, se réjouit-il.


À l'école secondaire De Rochebelle, à Sainte-Foy, l'ajout de caméras de surveillance fait aussi partie des mesures mises en place pour répondre au plan d'action gouvernemental. «C'est très, très efficace», affirme la directrice, France Saint-Onge. «Les jeunes le savent, c'est clair et c'est connu. On a éclairci et mis beaucoup de choses à jour à partir des caméras, c'est une évidence. C'est un outil très important.» Mais il n'est pas le seul, précise-t-elle.
Depuis trois ans, la commission scolaire des Découvreurs accorde à ses écoles secondaires un financement spécifique pour l'achat de caméras de surveillance afin d'améliorer «la sécurité autour des bâtiments, notamment pour éviter les actes de vandalisme ou d'infraction», indique la porte-parole, Claire Savard. Il a toutefois été impossible d'en apprendre davantage hier. Mme Saint-Onge affirme de son côté que la commission scolaire réfléchit à la possibilité d'étendre ce financement aux écoles primaires.


Du côté de l'école secondaire Saint-Pierre et des Sentiers, à Charlesbourg, de nouvelles caméras seront aussi installées. L'objectif est de mieux surveiller les allées et venues des étrangers. «On veut limiter les intrus dans l'école. On ne peut par surveiller tout le monde et des fois, on en perd notre latin» lance son directeur, Carl Ouellet.


Bémols
Même si des directeurs d'école sont convaincus de l'efficacité des caméras vidéo, tous ne partagent pas cet avis.
Égide Royer est professeur à l'Université Laval et codirecteur de l'Observatoire canadien pour la prévention de la violence à l'école. Il participait cette semaine aux États généraux de la sécurité à l'école, qui se sont déroulés en France. Jeudi, le quotidien Libération a organisé, sur son site Internet, une séance de clavardage pour permettre aux lecteurs de s'entretenir avec lui.
En réponse à une question sur la pertinence d'installer des caméras de surveillance dans les écoles, M. Royer a répliqué : «Dans l'état actuel des connaissances, ce n'est pas la première chose à envisager. On n'a pas d'indication que c'est véritablement efficace. Une supervision d'adultes à l'intérieur de l'école est beaucoup plus importante», a-t-il mentionné.


De son côté, la présidente de la Fédération québécoise des directions d'établissement (FQDE) ne s'oppose pas à la présence de caméras vidéo dans les écoles, mais émet tout de même certaines réserves. «Je ne souhaite pas qu'on utilise les caméras comme un moyen de répression. On doit faire de la prévention avant de faire de la répression. C'est un moyen parmi tant d'autres. Si le jeune ne fait pas son acte de violence à l'école, il va le faire ailleurs», affirme Chantal Longpré.
Au cabinet de la ministre Courchesne, on se contente de rappeler que la décision d'installer des caméras de surveillance revient aux commissions scolaires, tout en affirmant que leur utilisation est peu fréquente. La FQDE affirme plutôt qu'une «bonne majorité» des écoles secondaires y ont recours.


Le diagnostic se fait attendre
Lors du dévoilement du plan d'action pour lutter contre la violence à l'école, il y a deux ans, la ministre Michelle Courchesne (photo) a promis de présenter à l'automne 2008 un portrait national pour «obtenir l'heure juste par rapport à la violence perçue et subie dans les écoles». Le diagnostic se fait toujours attendre.
En fait, il semble que le ministère de l'Éducation a révisé sa stratégie en cours de route. La première étape a été l'étude réalisée l'an dernier par l'équipe du chercheur Michel Janosz, a-t-on expliqué au cabinet de la ministre Courchesne. En fait, il s'agit d'une enquête réalisée à partir de données amassées entre 1999 et 2005, dont Le Soleil avait obtenu copie l'automne dernier. La deuxième étape sera de mettre en place un système de monitoring qui permettra de mettre à jour ces données régulièrement. Toutes les écoles du Québec devraient y contribuer. Puisque certains établissements n'ont pas encore fait parvenir leur état de situation, il est difficile de prévoir quand ce premier diagnostic sera disponible.










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