lundi 22 octobre 2018

La leçon du Moyen-Orient: les fils d'anciens autocrates sont des autocrates modernes....



Encore et encore, les fils d'autocrates arabes aiment se présenter comme des «réformateurs» des régimes autoritaires mis en place par leur père. Encore et encore, ils finissent par être démasqués. Et l'Occident ne peut que se pointer du doigt.
Qu'ont en commun Bachar al-Assad (Syrie),  Saif al-Islam Kadhafi (Libye), Gamal Moubarak (Égypte) et Mohammed ben Salmane (Arabie saoudite)? Tous les quatre sont les fils d'un dirigeant autocratique et tous les quatre ont suivi les traces de leur père. Encore et encore, les gouvernements occidentaux ont vu dans ces successeurs un jeune homme prometteur qui gérerait les choses différemment (lire : de façon moins autoritaire) que son père. Encore et encore, les choses ne se sont pas passées comme prévu.
Ces dernières années, l’Occident a toujours succombé au mythe du «fils de», qui ferait mieux que son papa. Le jeune Mohammed ben Salmane (alias MbS) est le dernier de la liste des soi-disant «réformateurs», qui sont acclamés en fanfare en Occident (la dernière tournée de MbS dans la Silicon Valley a ressemblé à une procession triomphale), mais qui se sont avérés aussi brutaux, et semblent parfois plus audacieux que leurs pères.

Le mythe du jeune réformateur

Pourquoi l'Occident ne cesse-t-il de succomber à ce mythe? Parce que la mise en œuvre de réformes dans un Moyen-Orient non démocratique reste souvent difficile et généralement indésirable. Le Printemps arabe - qui, jusqu'à présent, n'a provoqué que des changements fondamentaux que dans un seul pays - a créé un chaos d'une ampleur rare, qui a également souvent perturbé les dirigeants occidentaux.
Cette jeune génération d'autocrates aime parler de réformes économiques, susceptible de faire gagner des milliards de dollars à l'Occident. De plus, ces dictateurs sont armés jusqu'aux dents avec du matériel de guerre occidental. Mais la promesse de ces réformes et l'attitude occidentale que ces jeunes leaders aiment adopter lorsqu'ils nous rendent visite sont fausses. En effet, les Occidentaux ont du mal à saisir la mentalité tribale qui règne dans leur pays d'origine, impliquant qu'ils ont [veulent] rarement agir en hommes responsables. 
Le prince héritier Mohammed ben Salmane
© Getty Images

Il y a une différence entre libéralisation sociale et libéralisation politique

Mohammed ben Salmane est passé d'un jeune homme réformateur  qui semblait prêt à réformer la société saoudienne extrêmement conservatrice,  à un autocrate brutal en 48 heures. Mais c’est principalement parce que les Occidentaux confondent libéralisation sociale ( autoriser les femmes à conduirerouvrir les cinémas, etc.) et libéralisation politique (le respect des autres opinions, le respect des droits de l’homme,…). Dans un monde idéal, les deux vont souvent de pair, mais pas nécessairement dans le monde réel.
L'assassinat de Khashoggi aura eu un impact beaucoup plus grand sur le monde occidental que l'incarcération de militantes en Arabie saoudite ou les milliers de morts que le royaume a déjà provoquées au Yémen. La méthode minutieusement calculée et horrible qui a été employée pour tuer le journaliste est si choquante, que ses partisans semblent maintenant s'éloigner du prince héritier.
Depuis tout ce temps, l'Occident aurait dû le savoir. Car non seulement Jamal Khashoggi, qui semble avoir été découpé en morceaux avec une scie à os, mais aussi des millions de Syriens, de Libyens, de Qataris et autres Egyptiens, ont fait l'expérience que le Moyen-Orient «moderne» reste un lieu macabre.
Des militaires patrouillent dans les décombres d'Alep, en Syrie

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