lundi 20 juin 2016

Coulisses de l’exploit. Israël, “1ère puissance mondiale de l’eau” ?


“Nous avons soulagé la nation de ses préoccupations quant à l’eau. Il y a encore quelques années nous connaissions une crise de l’eau. Mais aujourd’hui un représentant de l’OCDE est en déplacement pour apprendre comment nous avons surpassé cette crise et comment nous gérons ce marché. La Banque Mondiale demande constamment comment nous avons réussi.”
Nous devons ces mots à Alex Kushnir, qui quittera bientôt son poste de Directeur de l’Autorité de l’Eau, après cinq années de service.
Israël consomme annuellement 2,2 milliards de mètres cubes d’eau, répartis entre 8 millions d’habitants, 14 000 fermes et plus d’un millier de centres industriels. Les besoins en eau et le traitement des eaux usées pèsent 10 milliards de shekels par an, comprenant les frais d’exploitation, le développement et l’approvisionnement d’eau désalinisée.
Ce marché fonctionne grâce à une kyrielle de fournisseurs : 56 sociétés dont Mekorot, un millier de distributeurs locaux et une dizaine d’autorités locales.
Alex Krushnir rappelle la situation antérieure et le fait qu’Israël ait du composer avec de fortes sécheresses sur les cent dernières années. Mais “grâce à une gestion appropriée du secteur de l’eau”, le pays est maintenant “considéré comme l’un des leader mondiaux, si ce n’est le leader dans la gestion de l’industrie de l’eau”.
Si le Directeur de l’Autorité de l’Eau est susceptible d’avoir un intérêt évident à faire l’éloge du secteur qu’il régule, l’industrie de l’eau israélienne bénéficie réellement d’une forte reconnaissance internationale.
Lors d’une entrevue avec Seth Siegel publiée en octobre dernier par Globes, l’entrepreneur américain auteur de l’ouvrage “Qu’il y ait de l’eau : la solution d’Israël pour un monde assoiffé”, affirmait que le pays avait été capable de transformer un petit désert en ce que les experts appellent aujourd’hui “la première puissance mondiale de l’eau”.
Seth Siegel estime qu’Israël bénéficie du système de gestion des ressources en eau le plus avancée et perfectionné du monde. Israël recycle ses eaux, désalinise l’eau de mer, utilise les eaux des crues, apprend à sa population des usages appropriés, rationalise son utilisation dans les domaines industriels et agricoles et investit dans la détection de fuites.
Alex Kushnir rappelle également à ce propos les accomplissements d’Israël dans la récupération et la réutilisation des eaux usées, permettant d’éviter de puiser dans des ressources naturelles limités. Selon lui “Israël a été à l’origine de la mise à disposition de 4,5 milliards de mètres cube d’eau sur les cinq dernières années”.
Les économies sur la consommation sont elles aussi remarquables. La consommation moyenne par habitant est passée en quelques années de 102 à 87 mètres cubes annuels, une économie de 15%. “Ces économies permettent de limiter les besoins en eau désalinisée à la production annuelle des centrales” selon le Directeur de l’Autorité de l’Eau. C’est ainsi que sur les trois dernières années, les tarifs pour cette eau ont diminué de 18%.
Pour Kushnir, ces prix “peuvent toujours être substantiellement réduits”. En effet selon lui, si les recettes étaient réinvesties dans le secteur de l’eau pour le rendre plus efficace, plutôt que d’être empoché par la Trésorerie, “les tarifs de l’eau pour la consommation domestique chuteraient encore de 14,5%”. Aussi, “la fin des subventions à destination du secteur agricole et de l’Autorité palestinienne permettrait une nouvelle chute de 10% du prix payé par le consommateur”.
Le sujet de l’échec de la réforme visant à réduire le nombre de compagnies d’eau est sensible pour Alex Kushnir et l’Autorité. Cette réforme fut entamée en 2001 et aura été conduite sous l’égide du Ministère de l’Intérieur jusqu’en 2009. L’objectif était de passer de 57 à 10 société fournissant de l’eau.
Cela n’est jamais arrivé, même après le transfert du dossier à l’Autorité de l’Eau. “Au moment où nous préparions la mise en oeuvre de cette réforme, les compagnies d’eau ont accentué leurs pressions et ont réussi à bloquer les procédures pour deux ans. Pourtant, un nombre réduit de sociétés aurait rendu le marché plus efficient, et aurait diminué les prix pour les consommateurs.”
Mais avant son départ, Alex Kushnir a tenu à avertir sur un sujet : la nécessité de conserver l’indépendance de l’Autorité de l’Eau. Un tel avertissement n’a rien d’un coup d’épée dans l’eau : l’Autorité de l’Electricité, autorité régulatrice indépendante il y a encore quelques mois, est aujourd’hui sous la tutelle du Ministre de l’Energie.
“Je crains que le gouvernement soit soudainement tenté d’employer le même procédé pour le secteur de l’eau” admet Alex Kushnir. “L’Autorité de l’Eau existe pour assurer un prix équitable pour les consommateurs et une stabilité du marché sur le long terme. Il est toujours facile de déclarer ‘nous diminuerons les prix’, mais cela n’est pas toujours vrai.
Les fournisseurs d’eau tels que Mekorot, les entreprises de récupération des eaux usées et les autorités locales opèrent à la manière d’un monopole. De ce fait ils ont une forte influence dans les sphères publiques et politiques”. Il suggère alors une extension de la représentation publique au sein du Conseil de l’Autorité de l’Eau. “Nous devons rester concentrés sur l’eau, juste sur l’eau et rien d’autre.”
Nathan Sarel (Tel Aviv) Israelvalley.com

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