jeudi 19 juillet 2018

Le Golan est vital à la sécurité d’Israël par Dore Gold.....


Audience du Dr. Dore Gold, président du JCPA-CAPE de Jérusalem, devant la commission du Congrès américain sur une éventuelle reconnaissance des États-Unis de la souveraineté israélienne sur le plateau du Golan, le 17 juillet 2018.

Introduction

Monsieur le président, merci d’avoir convoqué cette importante audience. C’est vrai qu’une discussion sur l’avenir du plateau du Golan pourrait apparaître déconcertante, d’autant plus qu’au cours de ces dernières années, de nombreux Israéliens ont exprimé un énorme soulagement sur le fait que les négociations israélo-syriennes précédentes n’ont abouti à rien et que le Golan demeure sous contrôle israélien. Imaginons si ces pourparlers avaient été conclus, quelle aurait été notre situation en 2011, juste après le déclenchement de la guerre civile en Syrie ?
Eh bien, les terroristes de Jabhat al-Nusra, et de Daesh (Organisation de l’Etat islamique), ainsi que les forces armées du régime sanguinaire d’Assad, auraient été installées tout au long de la côte du lac de Tibériade.
Aujourd’hui, avec la victoire imminente des forces de ce régime dans le secteur Sud de la Syrie, la donne a changé et de nouvelles initiatives diplomatiques sont proposées par des acteurs extérieurs de la région. Déjà en mars 2016, Staffan de Mistura, envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie, a présenté un document sur les « Principes d’une solution politique en Syrie ». Le premier point de ce document est intitulé spécifiquement « la restauration du plateau du Golan occupé à la Syrie ».
En février dernier, lors de la conférence de Valdaï à Moscou, Vitaly Naumkin, principale autorité russe sur le dossier syrien, a insisté sur le fait que la souveraineté israélienne sur les hauteurs du Golan ne pouvait être acceptée. Il a même soulevé des doutes quant à sa légalité.
La reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté israélienne sur les hauteurs du Golan constituerait l’accomplissement d’une série d’assurances diplomatiques antérieures données à Israël par les administrations passées concernant le statut international de la position d’Israël sur ce plateau stratégique. Israël a envahi les hauteurs du Golan lors de la guerre des Six jours en 1967. Jusqu’alors, la situation dans cette région Nord de l’Etat d’Israël était intenable. Durant de longues années les forces armées syriennes installées à environ 1700 mètres plus haut avaient bombardé, par des tirs d’artillerie, les villages et les villes israéliennes. En outre, les Syriens avaient saisi certaines parties du territoire israélien, en violation directe des accords d’armistice. Ils revendiquaient al-Hama, le Banias et à la rive nord-est du lac de Tibériade. Ils ont également cherché à détourner le cours supérieur du fleuve du Jourdain qui coule à travers les hauteurs du Golan.

La missive du Président Ford

Au cours des négociations sur les Accords Sinaï II, entre l’Egypte et Israël, les Etats-Unis ont donné des assurances concernant l’avenir d’autres frontières arabo-israéliennes qui pourront faire partie de futurs pourparlers de paix. Dans ce contexte, le président Gerald Ford, avait écrit le 1er septembre 1975, dans une missive adressée au Premier ministre, Yitzhak Rabin : « Les États-Unis n’ont pas tranché définitivement sur l’avenir de la frontière israélo-syrienne. Au moment voulu, ils accorderont beaucoup de poids à la position israélienne, à savoir que tout accord de paix devrait reposer sur le fait qu’Israël restera sur les hauteurs du Golan. »
Les propos inscrits dans la lettre du Président Ford ont été renforcés seize ans plus tard, dans le cadre des préparatifs de la Conférence de paix tenue à Madrid en 1991. Ainsi, le Secrétaire d’Etat, James Baker, a écrit une nouvelle lettre d’assurance au Premier ministre Yitzhak Shamir, contenant une clause réaffirmant l’engagement écrit du président Ford envers le Premier ministre Yitzhak Rabin sur l’importance des hauteurs du Golan pour la sécurité d’Israël.
Cet engagement a été renouvelé le 19 septembre 1996 par l’administration du président Bill Clinton. Ainsi, le Secrétaire d’État, Warren Christopher, a adressé lui aussi une missive au Premier ministre, Benjamin Nétanyahou, réaffirmant l’engagement des États-Unis conformément aux propos du Président Ford.
Certes, la missive du Président Ford n’est pas une reconnaissance officielle des Etats-Unis du plateau du Golan comme étant territoire israélien. Elle n’était pas un document juridique mais plutôt une déclaration politique qui concernait spécifiquement un futur accord de paix avec la Syrie. Il faut dire et il est vrai que la missive du Président Ford et les engagements américains ultérieurs n’ont jamais empêché tout gouvernement israélien d’explorer la possibilité d’atteindre un accord de paix sincère avec la Syrie. Cela fut le cas dans le passé, avec les gouvernements d’Yitzhak Rabin, Ehoud Barak et Benjamin Nétanyahou.
Bien entendu, une volonté de négocier ne signifiait pas nécessairement qu’au moment de vérité, ces chefs de gouvernements israéliens auraient été prêts à se retirer totalement du plateau du Golan. Néanmoins, la missive Ford a une énorme signification diplomatique, car elle dévoile une compréhension américaine cohérente, et au plus haut niveau de l’administration, qu’Israël devait demeurer sur les hauteurs du Golan.

L’aspect stratégique et sécuritaire

La question qui se pose est de savoir comment une force israélienne pourrait rester dans ce territoire sans obtenir une souveraineté sur le terrain ?
Le fait que la missive de Ford soit toujours d’actualité est une indication importante que les États-Unis reconnaissaient l’importance vitale des hauteurs du Golan pour Israël malgré les changements spectaculaires survenus au Moyen-Orient après la Première guerre du Golfe et la fin de la Guerre Froide.
Nous étions toujours préoccupés par l’asymétrie des forces actives entre l’armée israélienne et celles de Syrie déployées le long du front syrien. Avant la mobilisation des réservistes, cette asymétrie donnait à la Syrie un énorme avantage quantitatif sur le terrain.
Ainsi, en 1973, le long des hauteurs du Golan, Israël ne disposait que de 177 chars face à 1 400 chars syriens. [Voir la carte : « l’équilibre israélo-syrien sur les hauteurs du Golan à la veille de la guerre du Yom Kippour en 1973].
Soulignons que le plateau du Golan ne fournit pas de profondeur stratégique comme la péninsule du Sinaï. Ce plateau n’a qu’une largeur maximum d’une vingtaine de kilomètres seulement. Toutefois, il existe sur ce territoire une ligne stratégique représentante des collines volcaniques – connue en hébreu sous le nom de Kav Ha-Tilim (ligne des roquettes). Au fil des ans, elle a permis à une petite force israélienne d’obtenir un avantage topographique au cas où elle serait attaquée. Elle permettait aux forces de défense israéliennes de résister à des offensives terrestres. Le contrôle d’Israël est vital pour que les forces israéliennes puissent atteindre cette ligne de défense et protéger toute la Galilée contre les agresseurs. En outre, cette petite force permanente sur les hauteurs du Golan ne dépend pas d’un appui aérien rapproché de l’aviation israélienne. Celle-ci devrait pouvoir accomplir d’autres missions qui garantiront la maitrise du ciel devant la menace des missiles sol-sol destinés contre les centres urbains de la population israélienne.
En plus des facteurs topographiques, la présence d’Israël sur les hauteurs du Golan constitue un avantage stratégique essentiel pour le Renseignement militaire. En effet, les installations de Tsahal au sommet du mont Hermon sont connues des Israéliens comme étant « les yeux et les oreilles de la nation ». Grâce aux capacités d’alerte avancée, les forces israéliennes ont pu en 1973 récupérer les hauteurs du Golan. [Voir le schéma de la ligne de défense Kav Hatilim]

Les inquiétudes israéliennes

Quelles sont nos sources d’inquiétude ? Elles sont doubles. Premièrement, la présence des forces syriennes elles-mêmes. Certes, à ce stade, et au crépuscule de la guerre civile, cette armée est tombée en déconfiture et cela pourrait ne pas présager un scénario alarmant pour les Israéliens, à l’heure actuelle. Cependant, ce serait une erreur capitale de se baser sur une situation momentanée car la réalité pourrait changer dans quelques années. Les régimes arabo-musulmans du Moyen-Orient consacrent leurs ressources aux acquisitions militaires, et donc le rétablissement éventuel de l’armée syrienne devrait être anticipé. À la lumière du rôle d’influence de la Russie dans la sauvegarde du régime d’Assad, des transferts massifs d’armes russes serviront probablement de base au renouvellement de la puissance militaire syrienne.
Il y a eu une deuxième source de préoccupation pour Israël : le déploiement de forces expéditionnaires, par des tiers, sur le sol syrien. En 1973, par exemple, l’Irak a envoyé plusieurs unités composées d’un tiers de son ordre de bataille au sol, pour combattre contre Israël sur les hauteurs du Golan. Aujourd’hui, la principale préoccupation concerne le remplacement des formations irakiennes par des unités iraniennes et le fait que la Syrie soit devenue un Etat satellite qui accueille ces forces iraniennes.
En outre, Téhéran a créé des milices chiites sur le modèle du Hezbollah, en provenance du Liban, d’Irak, du Yémen et du Pakistan, pour prendre position dans les bases syriennes et s’intégrer dans son sein.
L’Iran a fondé une branche syrienne du Hezbollah en 2014. En 2013, le commandant de la Force el Qods des Gardiens de la Révolution, le général Qassam Soleimani, a proposé d’unifier plusieurs des forces de procuration et de créer une armée de 150 000 hommes pour les opérations en Syrie. Ces unités ont opéré sous le commandement des Pasdarans. Nombreux étaient actifs dans la bataille pour la libération d’Alep, et ces jours-ci ils sont déployés à Deraa, dans le sud de la Syrie, près des hauteurs du Golan.
L’objectif militaire de l’Iran est de créer un corridor terrestre à travers l’Irak et la Syrie vers la Méditerranée, ce qui l’aidera à unifier ses différents fronts et à établir son hégémonie sur le Moyen-Orient. Cela lui assurera également une ligne d’approvisionnement assurée vers la Syrie et le Liban au fur et à mesure que sa présence militaire se développera. L’Iran cherche aussi à relier le Sud Liban au Golan.
Récemment, Hossein Salami, commandant adjoint des Gardiens de la Révolution, a déclaré que l’armée islamique opérant sur les hauteurs du Golan attendait des ordres pour éradiquer le « régime pervers » d’Israël (il a utilisé le mot farsi محو Mahv , signifiant annihilation ou faire disparaître). Cette déclaration reflète la vision du monde des Ayatollahs à Téhéran, et notamment celle du Guide spirituel, Ali Khamenei.
Salami a ajouté que « le régime sioniste n’a pas de profondeur stratégique défensive », d’où cet objectif réalisable. Même si cette déclaration était motivée par la nécessité d’une rhétorique, elle démontre néanmoins l’intention générale de l’Iran d’utiliser le Golan comme tremplin pour lancer des opérations offensives contre Israël. Il serait imprudent, dans tous les cas, d’ignorer ces déclarations menaçantes, surtout lorsqu’elles sont soutenues par des actions concrètes.
Au cours de la dernière décennie, la prolifération de diverses milices islamistes, qu’elles soient chiites ou sunnites, a produit des forces qui ne sont pas des armées conventionnelles classiques, mais elles représentent néanmoins une menace redoutable. Le Hezbollah lui-même a un arsenal impressionnant de plus de 100 000 roquettes et missiles, soit une quantité considérable qui est plus importante que la plupart des armées conventionnelles. Les Houthis au Yémen ont lancé des missiles sur la capitale saoudienne, Riyad. En 2014, Daesh s’était emparé de quatre unités irakiennes en capturant tout leur arsenal militaire dont des chars Abrams (Made in USA).
La fusion d’organisations terroristes avec des armes conventionnelles perfectionnées fait partie de ce qu’on appelle, la guerre hybride, il est fort probable qu’elle fera partie du paysage stratégique futur. Tant que les guerres finiront par être gagnées en manœuvrant les forces armées conventionnelles sur le terrain, les conditions topographiques continueront à jouer un rôle crucial pour la sécurité d’Israël. Dans ces conditions, les hauteurs du Golan demeurent vitales pour la défense d’Israël.

Les garanties sécuritaires

Le général de division (RES.), Giora Eiland, est l’ancien chef des opérations de Tsahal pendant les négociations syro-israéliennes sous le Premier ministre Ehud Barak. À ce titre, il était l’un des principaux artisans des dispositifs de sécurité envisagés par Israël pendant cette période. Il vient de publier une autobiographie dans laquelle il porte de sérieux doutes sur les hypothèses sur lesquelles reposait le modèle des arrangements de sécurité. Il pose les questions suivantes :
1. Israël aurait-il les capacités du renseignement nécessaire pour détecter les intentions de la Syrie d’attaquer en temps réel, en particulier une fois qu’Israël aurait perdu ses avant-postes sur les hauteurs du Golan ?
2. En admettant qu’Israël recevra des renseignements sur une attaque imminente des forces syriennes, comment pourra-t-on interpréter correctement ces informations ?
3. Même après avoir reçu l’avertissement des services de Renseignement, le gouvernement israélien aura-t-il l’audace de commander l’armée israélienne de se retirer sur sa ligne défensive, d’autant plus que cette ligne sera située à l’intérieur du territoire syrien ?
D’autres questions pourraient être posées sur le modèle d’arrangements sécuritaires. Est-ce que le gouvernement syrien garderait longtemps encore les dispositions des limitations des forces sur le terrain, convenues par les accords entre les deux pays ? Cette question est particulièrement pertinente pour le maintien de telles dispositions dans la zone de la capitale syrienne, Damas. Compte tenu de la géographie étroite du Golan, les violations des accords de sécurité du Golan auraient un impact beaucoup plus grave et en profondeur sur la sécurité d’Israël que les violations comparables commises par l’Egypte, où une zone tampon d’environ 150 kilomètres sépare le canal de Suez du sud d’Israël.
En bref, les arrangements de sécurité israéliens sur le sol de l’Etat syrien pourraient être facilement bafoués. De ce fait, Israël serait sans les hauteurs du Golan et sans des mesures sécuritaires existentielles. Enfin, même si un futur régime syrien acceptait de tels arrangements, est-ce que des milices étrangères se sentiraient liées par eux?
Pour le Général Eiland, fort heureusement en 1999 l’intransigeance du président Hafez al-Assad a bloqué un accord final. Ce qui ressort de cette expérience est la confirmation d’un principe diplomatique important : lorsqu’Israël a des besoins sécuritaires vitaux dans les zones contestées, il doit y assurer sa propre souveraineté.
Même aujourd’hui, il existe de multiples questions de souveraineté non résolues à travers le Moyen-Orient. Au sein même de la Syrie, il y a la question de sa province perdue, Alexandretta, qui a été transférée par les Français à la Turquie en 1939 après un référendum très contestable. Connu sous le nom de Hatay, il semblait que ce différend allait être résolu mais, à la fin, les Syriens refusèrent d’acquiescer à la souveraineté turque. L’Egypte et le Soudan se disputent toujours sur le Triangle de Halaib, le long de la mer Rouge, un territoire de près de 8 000 mètres carrés. Les fermes de Shebaa ont été disputées entre le Liban et la Syrie, mais aujourd’hui elles font partie du plateau du Golan.
Il convient de rappeler que les hauteurs du Golan sont maintenant sous contrôle d’Israël depuis 51 ans. En 1981, Israël y a étendu sa loi, sa juridiction et son administration. Ainsi, la position d’Israël sur les hauteurs du Golan n’est pas une évolution récente, mais plutôt un phénomène auquel beaucoup de membres de la communauté internationale se sont habitués.
Cependant, rappelons que la présence juive dans le Golan remonte en réalité à la période du Premier Temple, et a été marquée par des événements historiques majeurs comme la chute de Gamla sous l’Empire romain.
Comparer la souveraineté israélienne dans le Golan aux revendications de la Russie sur l’Ukraine ou aux revendications chinoises sur la mer de Chine méridionale n’est tout simplement pas valable. Certains tenteront de faire valoir que la reconnaissance de la souveraineté israélienne sur le Golan pourrait encourager l’agression des États dans d’autres conflits territoriaux. Il faut toujours souligner qu’Israël s’est emparé du Golan lors d’une guerre d’autodéfense. Israël a été attaqué dans trois guerres par la Syrie : en 1948, en 1967 et en 1973.

Conclusion

Israël est aujourd’hui l’objet d’attaques de la part de « l’Axe iranien de Résistance », opérant sous protection russe. Les menaces de cet axe sont perçues comme un défi non seulement par Israël, mais aussi par plusieurs Etats du Moyen-Orient, depuis le Maroc, à l’Ouest, jusqu’aux pays arabes du Golfe et de nombreux États riverains de la mer Rouge.
Alors que l’Etat syrien se réorganise suite à une guerre civile sanglante, il est fort probable que des voix s’élèvent actuellement pour exiger le retour des hauteurs du Golan à la Syrie.
Le rejet le plus fort de cette revendication serait la reconnaissance de la souveraineté israélienne sur le plateau du Golan.
Cela démontrerait de manière concluante que tous ceux qui utilisent la force pour menacer leurs voisins devraient payer un tribut au sein du tribunal de la diplomatie internationale. Les États ont aujourd’hui un choix à faire. Soit soutenir les revendications de l’Iran et de ses satellites, soit reconnaître les droits légitimes et sécuritaires d’Israël sur les hauteurs du Golan.
La reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté israélienne constituerait un exemple important dans la gestion des conflits internationaux. Trois administrations américaines ont confirmé clairement qu’Israël devrait rester sur les hauteurs du Golan. Ce principe fondamental des deux partis de la politique américaine ne pourrait être réalisé à long terme sans la confirmation de la souveraineté israélienne sur le Golan.
J’espère que la commission appuiera cette position. Je vous en remercie. 

Dr. Dore Gold

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