mardi 6 décembre 2016

Pic de pollution : la circulation alternée, comment ça marche ?


La préfecture de police a annoncé la mise en place de la circulation alternée mardi à Paris et en proche banlieue, en raison du pic de pollution touchant l'Ile-de-France. Ce ne sera que la 4e fois.

Le dispositif n’avait pas été utilisé depuis mars 2015. Le préfet de police Michel Cadot a annoncé ce lundi après-midi la mise en place de la circulation alternée à Paris et dans les 22 communes de la petite couronne mardi. L’Île-de-France subit depuis la semaine dernière un important épisode de pollution de l’air aux particules et au dioxyde d’azote, qui pourrait se prolonger dans les jours qui viennent en raison de la météo. Malgré la demande par la maire socialiste de la capitale Anne Hidalgo, la préfecture de police de Paris avait renoncé à mettre en place ce lundi, ce dispositif, qui autorise les véhicules dont le numéro est pair à circuler les jours pairs et les véhicules impairs les jours impairs. Quels véhicules pourront circuler demain ? Qui devra prendre les transports en commun ? On vous explique.

Qui a le droit de circuler ?

Le principe de la circulation alternée est simple : pour réduire le trafic automobile, les véhicules légers (voitures, scooters et motos) aux immatriculations impaires circulent les jours impairs, et les immatriculations paires les jours pairs. Mardi 6 décembre, jour pair, seuls pourront circuler les véhicules dont la plaque se termine par un chiffre pair (0, 2, 4, 6, 8). Si le dispositif est reconduit mercredi, alors ces véhicules devront rester au garage, et les véhicules porteurs d’une plaque d’immatriculation impaire pourront circuler. La circulation alternée n’a été utilisée qu’à trois reprises en France, à chaque fois à Paris et dans ses communes limitrophes : le 1 er octobre 1997, le 17 mars 2014 et le 23 mars 2015.
A noter que le chiffre qui est pris en compte est bien celui de la plaque, et non le numéro du département (contrairement à ce qu’a l’air de croire le président de l’association «40 millions d’automobilistes») :
La plaque de gauche est autorisée à circuler les jours impairs, celle de droite les jours pairs (image Préfecture de police de Paris) 
Les automobilistes qui s’obstinent à rouler malgré l’interdiction encourent une amende 22 euros (qui passe à 35 euros si elle est réglée au-delà de trois jours). Les contrevenants pourront aussi voir leur véhicule immobilisé ou mis en fourrière.

Tous les véhicules sont-ils concernés ?

Non, le dispositif prévoit une série de dérogations (dont la liste complète est détaillée ici ). Les véhicules «propres» (électriques, hybrides, au gaz) ou transportant au moins trois personnes peuvent circuler, tout comme ceux assurant des missions de service public (forces de l’ordre, pompiers, transports liés à la santé...). Les autocars et véhicules de transport en commun, taxis, véhicules d’auto-école et les véhicules et engins de chantier (dépannage, déménagement, ordures, poste...) ne sont pas non plus soumis à la règle, ainsi que certains véhicules professionnels (commerciaux et journalistes en reportage). Idem pour les véhicules immatriculés à l’étranger.
Comme à chaque fois lors de sa mise en place, la circulation alternée s’accompagnera mardi d’une gratuité des transports en commun (bus, tramway, métro et RER) dans la zone et pour toute la durée concernée. Une mesure dont le coût s’élève à 4 millions d’euros par jour selon la région (mais le coût de la pollution de l’air est de son côté situé entre 0,8 et 1,7 milliard d’euros par an, selon le Commissariat général au développement durable).

Par qui la mise en place du dispositif est-elle décidée ?

En vertu de l’arrêté interministériel de mars 2014 , c’est le préfet, et, à Paris, le préfet de police, qui prend la décision ou non de mettre en place la circulation alternée, après consultation d’un collège d’experts, qui comprend notamment Airparif et Météo France. La préfecture de police de Paris réunit aussi systématiquement les élus (mairies, région, départements...).  La mesure ne peut être imposée qu’en cas de pic de pollution, en fonction des seuils établis par Airparif, organisme chargé de la surveillance de la pollution en Ile-de-France (dépassement du seuil d’alerte, ou persistance du dépassement du seuil d’information). Depuis l'année dernière, la circulation alternée est automatiquement mise en place par la préfecture de police en cas de demande conjointe de la mairie de Paris et de la région.

D’autres mesures ont-elles été prises ?

La préfecture de police a repris dimanche pour ce lundi une série de mesures contraignantes. Les Franciliens sont invités à limiter les déplacements en voiture, à privilégier le covoiturage, et doivent réduire de 20 km/h leur vitesse sur toutes les portions d’autoroute, voies rapides, routes nationales et départementales d’Île-de-France. Les véhicules excédant 3,5 tonnes en transit sont obligés de contourner Paris par la Francilienne, les industries doivent réduire leurs émissions, les dérogations pour brûler à l’air libre les déchets verts sont suspendues et le chauffage individuel par bois interdit. La Ville a de son côté reconduit les mesures de gratuité du stationnement résidentiel, du Velib' et Autolib', et messages de prévention.

La circulation alternée a-t-elle un impact sur la qualité de l’air?

Après la mise en place de la circulation alternée en mars 2014 à Paris et dans les communes limitrophes, une baisse de 18% du trafic a été enregistrée dans la capitale, entraînant une réduction, dans la zone concernée, de 15% des émissions de particules PM10 (les particules fines en suspension) et de 20% des émissions de dioxyde d’azote, selon les chiffres d’Airparif (qui n’a pas rendu publique d’évaluation sur la circulation alternée mise en place en mars 2015). Le dispositif «a un impact mesurable et immédiat le jour d’application», analyse Charles Kimmerlin, ingénieur au sein de l’association. Mais de l’avis des associations environnementales notamment, si la circulation alternée est utile à court terme, elle ne règle pas la pollution chronique de l’air à plus long terme.

Quelles autres pistes existent ?

Un nouveau dispositif, qui pourra se substituer à la circulation alternée, va faire son apparition dans la capitale l’année prochaine. A partir du 16 janvier, une vignette anti pollution sera obligatoire pour circuler à Paris en semaine. La pastille (qui peut être achetée en ligne ici au prix de 4,18 euros) permettra d’identifier les engins en fonction de leur niveau de pollution, et d’adapter le trafic en cas de pics de pollution. La circulation ne sera autorisée, en fonction de l’ampleur du pic, qu’à certaines couleurs de vignettes et catégories de véhicules. Anne Hidalgo a également annoncé son intention de se débarrasser totalement des véhicules diesel, trop polluants, d’ici 2020. D’autres mesures plus pérennes pour améliorer la qualité de l’air existent, comme le péage urbain, à Londres, ou les zones à faibles émissions («low emission zones»), mises en place dans 200 villes d’Europe, et qui permettent de réduire jusqu’à 40% les émissions de particules fines. En France, les «Zones d’actions prioritaires pour l’air» (Zapa) prévues par le Grenelle de Nicolas Sarkozy ont été abandonnées en 2013  sans avoir  été expérimentées, la ministre PS de l’Ecologie de l’époque, Delphine Batho les jugeant «socialement injustes et écologiquement inefficaces.» 
Juliette Deborde


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