vendredi 12 février 2016

ISRAËL ET LE LANGAGE DE LA RECONQUÊTE -


Il semble que depuis un certain temps maintenant, Israël a presque disparu des manchettes des journaux. Il y a eu tant à faire au Moyen-Orient et dans le monde merveilleux de l'Islam. Entre les vicissitudes vertigineuses de l’Irak et de la Syrie, nous avons eu droit à des news sans arrêt des nombreuses et différentes guerres, impliquant les sunnites et les chiites, les partisans et les conspirateurs de régimes, diverses minorités menacées (non-musulmanes ou non-arabes) - chrétiens et alaouites, Kurdes et Yazidi - dans le mélange, et tout le monde, y compris les sunnites insuffisamment fanatiques, attaqués par L’ISIS.
Le califat de l’ISIS attire des centaines de milliers de volontaires étrangers. Il prend forme au nord-ouest de l’Irak et au sud-est de la Syrie. Le califat est toujours vivant et en place, en dépit des incessantes prévisions optimistes de sa disparition imminente de Washington.
En Égypte, Moubarak a été renversé et remplacé par Morsi de la Confrérie Musulmane, qu’Al-Sissi le séculaire, détrôna à son tour, et tout au long de ces hauts et ces bas, les Coptes d'Égypte subissaient certains degrés de tourment flottant avec le niveau de l'Islam dans le gouvernement.
En Libye, Kadhafi a été renversé avec l'aide de l'Occident. Mais au lieu de devenir un royaume de paix, le pays qui a souffert un régime de main de fer, a chuté ensuite dans le chaos de la guerre entre les différentes factions et milices. Certaines d’entre elles, résident dans leur ville d'origine (Misrata, Benghazi, Zintan). D'autres se distinguent selon les tribus ou une idéologie politico-religieuse. Et à ce tohu-va-vohu tripolitain, avec deux «gouvernements libyens » différents, siégeant maintenant à Tobrouk et Tripoli, s’ajoute l'État Islamique, qui vient lui aussi d’ouvrir une succursale à Syrte.
Le fait de gérer tant de news en première ne signifie forcément pas que la guerre contre Israël a disparu. Les lents djihadistes de l'Autorité Palestinienne (l’ancien OLP) continueront à être soutenus par l’ONU et par l’Union Européenne, tandis que les djihadistes plus rapides du Hamas, savent que l’État Islamique et l’Iran les attendent au tournant.
Les Juifs sont encore attaqués - plus de deux douzaines de civils juifs ont été poignardés à mort au cours des derniers mois - et l'autre jour, le Hamas promettait une nouvelle vague de bombes dans les bus d’Egged. Mais sans minimiser cette violence continue, la menace arabe à laquelle les israéliens se confrontent n’est tout simplement pas au même niveau que celle posée par les grandes masses des armées arabes.  Celles d'Égypte et de Syrie ont toujours été les plus importantes, et elles avaient déclenchés en 1973, 1967 et 1948 des guerres contre les Juifs d'Israël. 
Israël ne fait pas face en ce moment à ce genre de danger : L'armée syrienne, après quatre ans de guerre civile, s’est tout simplement liquéfiée, et l'armée égyptienne est beaucoup plus intéressée à détruire les tunnels du Hamas que d’aller en guerre contre Israël. Des hommes comme Al-Sissi ont peu d’appétit à sacrifier encore une fois leurs soldats, arsenal militaire et fonds pour une cause «arabe».
Alors qu'Israël jouit d’un moment de répit, il a besoin de travailler très dur pour améliorer son Hasbara - la diplomatie, les relations publiques, la propagande. Il doit être plus vigilant sur les termes employés tout au long du débat. La première phrase qui doit disparaitre de tous les lexiques et expressions est « le peuple palestinien ».  Avant la défaite arabe de la guerre des Six Jours, aucun leader arabe, diplomate, intellectuel, n’a employé l’expression « peuple palestinien ». Ils les ont toujours appelés des « réfugiés arabes ». 
Cela a débuté après leur défaite militaire de Juin 1967, quand il devint clair que les Arabes, avant de tenter un nouvel assaut militaire, devraient amadouer Israël, l'isoler diplomatiquement, et faire oublier au monde que les Arabes ont initié cette guerre et celle de 1948, bien avant que le «peuple palestinien» n’ait vu le jour.
À partir de 1967, les propagandistes arabes ont été impliqués dans le projet de l’«édification de l’identité palestinienne », et la création d'un «peuple» basé sur l’expression géographique « arabo-palestinien» qui devint brusquement «palestinien». Ce tour de passe-passe a contribué puissamment à l'invention de la définition « peuple palestinien ». Un « peuple qui lutte pour ses droit légitimes » et le fait en Palestine, où il a vécu depuis des temps immémoriaux». Dans sa contre-campagne, Israël devrait faire usage à chaque occasion de l’aveu de Zuhair Mohsain diffusé par le journal néerlandais « Trouw » en 1974 où il révélait la valeur propagandiste fictive du « peuple palestinien » :
« Le « peuple palestinien » n'existe pas. La création d'un état palestinien est seulement un moyen pour poursuivre notre lutte contre l'état d'Israël et pour notre unité arabe. En réalité, aujourd'hui, il n'y a aucune différence entre les Jordaniens, les Palestiniens, les Syriens et les Libanais. Seulement pour des raisons politiques et tactiques nous parlons aujourd'hui de l'existence d'un peuple palestinien, car les intérêts nationaux arabes exigent que nous avancions l'existence d'un « peuple palestinien » distinct à opposer au sionisme. »
Et Netanyahu, qui est sensible à la langue, devrait faire connaître qu'à partir de maintenant, le gouvernement israélien ne se référera pas au «peuple palestinien» (comme il l'a si inconsidérément fait dans le passé), mais seulement aux «Arabes palestiniens ». Expression qui rappellera au monde que les «Palestiniens» ne sont pas une entité mais une partie du peuple arabe - Peuple généreusement plus nanti que tout autre, possédant 22 états et 14 millions de miles carrés de territoire. 
Israël n’obtiendra ce résultat souhaitable que si ses propres dirigeants, ses diplomates et ses journalistes ne se liguent pour mettre fin à l’usage erroné de l'expression «peuple palestinien». Il faut préciser que cette phrase n’est nullement neutre, au contraire elle très tendancieuse.
En second lieu, pour le contrôle, Israël doit supprimer le terme «occupé» - tel qu'il est employé dans la phrase « Cisjordanie occupée » ou « territoires occupés » ou pire encore, « terres arabes occupées ». Le terme «occupé» est employé afin d’insinuer qu'Israël n'a aucun droit à la «Cisjordanie» ou à Gaza, hormis celui du statut temporaire d’être l’occupant militaire. On pense à cet égard à « Berlin occupé », « Vienne occupée », « Paris occupée », « Japon occupé » - sous cette désignation, le territoire en question est présumé être sous le contrôle d'un pouvoir ou des pouvoirs externes – le contrôle concédé à ce pouvoir/s fait suite à une conquête militaire. La revendication de ce territoire est interceptée temporaire, sur l’unique base de l'occupation militaire. Mais la revendication d'Israël de Gaza et la «Cisjordanie» ne repose pas sur le fait d’une occupation militaire. 
Ces territoires sont correctement considérés comme des zones non affectées du mandat sur la Palestine, et les dispositions de cette Ligue du mandat des Nations sont toujours viables. Le mandat pour la Palestine a été créé par la Société des Nations dans le but unique et express de constituer les conditions pour la mise en place du Foyer National Juif ; le territoire attribué à ce mandat comprend Gaza et ce qui sera appelé plus tard la «Cisjordanie».
Le fait que les Juifs n’aient pas finalement pris possession de Gaza et de la «Cisjordanie» à la fin de la guerre de 1948-49 ne modifie pas le statut juridique de ces territoires. La revendication d'Israël repose sur le mandat lui-même. (Il ne faut pas oublier qu'il y avait d'autres mandats menant à la création des États arabes, un mandat britannique en Irak, un mandat français en Syrie et au Liban). 
Cette revendication juridique n'est pas périmée, mais demeure viable, et la conquête militaire d'Israël de ces territoires durant la guerre des Six Jours n'a pas créée une nouvelle demande, mais a permis à Israël d’en prendre possession par la force des armes, pour finalement exercer le droit prioritaire de ces territoires sur la base du mandat. Et quand Israël a volontairement renoncé, pour des raisons d’intérêt, à sa prétention sur Gaza, cela n’a causé aucune conséquence sur la revendication continuelle d’Israël de la Cisjordanie.
Au lieu de se soumettre à l’usage du mot «occupé», le gouvernement israélien devrait faire beaucoup de tapage chaque fois que ce terme est employé par d'autres, dont les dirigeants étrangers, les diplomates, le personnel de l’ONU, les speakers de la BBC et les chroniqueurs du New York Times.  Il faut préparer un récit bien détaillé, faire un remue-ménage qui rappellerait les dispositions du Mandat concernant la Palestine, afin de consolider la revendication israélienne de ces territoires qu'il a conquis en 1967. 
Finalement, à force de leur en remplir les oreilles, certains vont commencer à saisir le point, et d'autres, qui peuvent encore refuser d'accepter ce fait, seront au moins contraints de discuter la question sur la signification du terme «occupé» et pourquoi Israël a un point concernant son application, que nul ne peut aisément repousser. Il faut forcer les autres à regarder, étudier et discuter, les termes du Mandat pour la Palestine. Et cette discussion constituera au moins pour Israël, une victoire partielle.
En troisième lieu, l'israélien devrait faire en sorte de toujours employer le terme «djihad» pour décrire la guerre qui leur a été infligée, avant même que l'état juif ne soit déclaré en 1948. Dans le passé, cela avait peut-être un sens quelconque d’éviter l’emploie de ce terme. Deux grandes puissances musulmanes – la Turquie et l'Iran-Turquie kémaliste et l'Iran du Shah séculaire - étaient des alliés non déclarés d'Israël. Il y avait une sorte d’entente bénéfique chez les Turcs et les Perses sur le sentiment anti-arabe. 
Pour éviter de contrarier inutilement ces régimes, et entraîner des difficultés à maintenir leurs alliances secrètes avec Israël, en rappelant le devoir du « Djihad » chez leurs sujets musulmans, le jeune état juif, opta pour le silence. Mais la situation est maintenant différente. Les turcs musulmans kémalistes n’existent plus sous Erdogan, et l’ancien régime laïc iranien est parti avec le Shah, remplacé par les épigones de Khomeiny, tous chiites fanatiques. Il n'y a rien à gagner en ne présentant pas nettement la guerre contre Israël, comme étant en vérité, un «Jihad ».
Certains Européens (pas tous, pas même la plupart, mais certains) suffisamment inquiets de leur propre situation, qui est la menace interne provenant de la population musulmane en plein essor vivant en leur sein, ont entrepris individuellement l'étude de l'Islam. Leurs gouvernements n’étant d'aucune aide dans cette affaire. Ils doivent reconnaître qu'un «Jihad» est mené contre eux aussi. Tout ce qui peut être fait pour faire progresser la compréhension d'intérêts communs et de partage de menaces, entre l'Europe et Israël, ou entre l'Europe, Israël, et le reste du monde infidèle, puisqu’ils sont tous engagés dans la même lutte d’auto-défense contre le même ennemi, devrait être entrepris pour les mêmes raisons et ne peut être que salutaire.
Cette reconquête du champ de bataille lexicale sera longue et ardue. Mais pour Israël, et pour les infidèles partout dans le monde, il n'y a pas d'autre choix. Et j’espère avoir maintenant situé correctement par où il faut commencer.

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