jeudi 8 octobre 2015

OBAMA, POURRA-T-IL CONTRER LE HEZBOLLAH APRÈS L'ACCORD NUCLÉAIRE ?


Washington, dans sa certitude d’avoir bloqué toutes les voies à un Iran nucléaire, a très peu fait afin de bloquer la voie à un conflit régional dévastateur.
De hauts responsables israéliens m’ont souligné à plusieurs reprises tout au long de nos conversations privées depuis 2013, que les vents de guerre soufflent à nouveau au Liban. L’établissement de défense militaire d'Israël m’a informé cet été, que le prochain conflit avec le Hezbollah « pourrait devenir très laid ». Le groupe terroriste libanais possède maintenant, pointées vers le sud d’Israël, 100.000 roquettes, fournies principalement par l'Iran dont beaucoup sont très sophistiquées. Hassan Nasrallah, leader du groupe, se vantait plus tôt cette année que le Hezbollah ne craint pas la prochaine escarmouche. Il se sent probablement encore plus confiant maintenant que l’accord nucléaire de juillet permet à l’Iran l’allègement des sanctions. Il ne fait aucun doute que le Hezbollah recevra assez de fonds qui lui permettront l'achat d'armes, faisant du groupe un ennemi encore plus redoutable.
La nouvelle méthode de défense israélienne, publiée cet été, met en garde contre un conflit brutal qui pourrait dépeupler le sud du Liban. Le Hezbollah l’a rejetée la traitant de guerre psychologique. Mais le public libanais en est naturellement préoccupé. Il a mis en garde le Hezbollah contre la menace d’assombrissement des cieux d'Israël avec ses roquettes. Il se rappelle trop bien des représailles israéliennes de 2006, qui avaient causé des dégâts culminant en la perte de plusieurs milliards de dollars. Ce que le public libanais pourrait ne pas réaliser est qu’il est déjà trop tard. Un grand nombre des lanceurs du Hezbollah sont à présent placés stratégiquement dans des zones de forte densité de population afin de garantir qu'une riposte israélienne provoque d’innombrables victimes civiles - victoires très précieuses pour les relations publiques du Hezbollah.
Certains analystes prétendent que le Hezbollah ne peut pas se permettre une autre conflagration, noyé dans son sang en Syrie. En effet, plus de 8000 combattants du Hezbollah défendent le régime Bachar al-Assad contre les militants sunnites, et on estime qu’au moins un millier de militants ont perdu la vie en action.
Leur sacrifice ne sert pas seulement la défense du régime d’Assad. Le Hezbollah est tout doucement en train de se multiplier par clonage en Syrie, mettant en place des forces de combat pour cibler Israël. Ainsi, si le Hezbollah veut défier militairement Israël à partir de la Syrie, il pourra le faire à partir de ce nouveau front, tout en entrainant Israël dans un conflit non souhaité avec une gamme d'autres combattants, dont l'état islamique, le Front Nusra, et une liste interminable d'autres factions djihadistes.
Au cours des dernières semaines, la Maison Blanche a renouvelé des sanctions financières contre un certain nombre de cibles du Hezbollah. Ces mesures sont vraisemblablement destinées à apaiser un Congrès en colère, qui n'a jamais eu l’opportunité de débattre l'affaire, et encore moins d’influencer ses termes. Mais ces démarches feront peu pour limiter les flux financiers au Hezbollah. Au mieux, elles désignent le groupe publiquement. Ce n’est pas comme si les groupes terroristes libanais étaient sur le point d'ouvrir des comptes bancaires à Manhattan.
Alors que Netanyahu a refusé de discuter la question des besoins militaires israéliens au cours du débat au Congrès sur l'accord nucléaire (par crainte de perdre le peu d'influence qu'il avait pour modifier le résultat du vote) ces discussions reprendront prochainement. Israël va demander plus de batteries de Dôme de Fer, qui peuvent détruire les roquettes du Hezbollah dans leur vol. D’autres armes de pointe feront sans aucun doute partie de l'équation.
Mais comme l'histoire peut en témoigner, armer Israël n'a aucun effet dissuasif sur le Hezbollah ou sur n’importe quel mandataire de l'Iran. Une véritable dissuasion ne peut être établie que par l'instauration d'une saine crainte de conflits futurs.
Il n'y a rien de plus dissuadant que l'usage d’une force militaire écrasante. Mais c’est quelque chose qu'Israël cherche à éviter, compte tenu de la dévastation garantie par le prochain conflit. Alors qu'Israël est susceptible de vaincre le Hezbollah, il ne pourra le faire qu’à un prix terrible. Les 100.000 roquettes du groupe produiront une dévastation pas vue depuis la guerre de Yom Kippour en 1973.
Certains affirment qu’Israël pourrait bénéficier d'un accord public avec les États-Unis lui offrant une flexibilité maximale et un réarmement pratiquement illimité en réponse à une provocation du Hezbollah. Mais il sera difficile à l'Administration d’Obama de l’honorer. Lorsque les choses se gâtent, dans son désespoir de défendre l'héritage du président et de maintenir la détente avec Téhéran, la Maison Blanche sera susceptible de fermer les yeux sur les provocations des mandataires les plus flagrants, même ceux de l'Iran. En effet, c’est dans l'intérêt du président de ne pas menacer les intérêts fondamentaux iraniens si le compromis est de garder les ambitions nucléaires iraniennes en échec. Ceci, était bien entendu, la logique même des négociateurs sur le nucléaire, et au sein de ces raisons, le deal demeure très répréhensible à ses critiqueurs.
Obama a très peu à offrir aux Israéliens en période du déclin de sa présidence, hormis une issue intéressante mais controversée : l'Organisation des Nations Unies. Bien sûr, l'ONU a un bilan terrible sur la prévention des hostilités au Sud du Liban. Mais il dispose dans dossiers une résolution du Conseil de sécurité qui réclame de désarmement du Hezbollah. La résolution 1701, est vaine comme prévu, et ses perspectives de mise en œuvre future sont risibles. Mais avec de bons joueurs qui poussent à la mise en œuvre de la résolution 1701, la pression mondiale sur le Hezbollah pourrait rendre le groupe terroriste plus prudent. En outre, le Hezbollah devrait maintenir sa position agressive au sein des appels renouvelés de désarmer. Israël aura sans doute le prédicat juridique dont il a besoin afin de répondre à toutes les provocations du Liban, ou même celles de la Syrie.
Mais même cet effort multilatéral pourrait être considéré comme trop risqué pour la Maison Blanche, qui cherche à garder le deal iranien en place. Un président qui a tellement peur de bouleverser l'équilibre délicat avec l'Iran peut, en fait, devenir l’aspect le plus inquiétant de l'accord nucléaire.
Les rapports de nouvelles indiquent que les flux financiers en cours vers le Hezbollah augmentent, et la prise de position militaire du groupe se poursuit. Sans un plan pour empêcher le Hezbollah, l'héritage d’Obama pourrait causer un arrêt temporaire du programme nucléaire iranien, mais aussi une guerre évitable qui dévastera le Liban et Israël, en plus d’une instabilité déjà volatile au Moyen-Orient.

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