mercredi 5 août 2015

Bateaux-mouches : scène de ménage sur la Seine...


La patronne de la célèbre compagnie de navigation fluviale s'écharpe avec son mari. Viré de son poste de DG, ce dernier prédit un naufrage et attaque en justice. Mayday...
Ma femme est manipulée par une bande d'intrigants et elle ne se rend compte de rien!» Il est plutôt remonté, Radé Matovic. Originaire du Monténégro, ce gaillard de 42 ans bâti comme un basketteur a été débarqué cet automne de son poste de directeur de la Compagnie des Bateaux-Mouches... 
Par son épouse, Charlotte Bruel, la P-DG propriétaire de l'entreprise avec qui il est en instance de divorce. Son frère, Srecko Matovic, responsable technique, a connu le même sort. Depuis, le mari délaissé a riposté en déposant plainte pour «abus frauduleux d'état de faiblesse» en février. 
Il s'est pour cela offert les services d'un ténor du barreau, en la personne de maître Jean-Pierre Versini Campinchi, qui compte déjà dans sa clientèle Jean-Christophe Mitterrand, François Fillon et Jean-Cyril Spinetta.
L'enjeu de cette triste scène de ménage qui, toutes proportions gardées, rappelle l'affaire Bettencourt, n'a rien d'anodin. 
La célébrissime Compagnie des Bateaux-Mouches est une institution à Paris. Créée après-guerre par Jean Bruel, le père de Charlotte décédé en 2003 - patron autocrate et impétueux, ancien résistant, il a aussi soutenu la carrière politique de Jean-Marie Le Pen - elle accueille 2,5 millions de passagers par an. 
Ce qui en fait la quatrième attraction la plus fréquentée de Paris, après la tour Eiffel, le Louvre et Beaubourg.
La plainte de Radé Matovic vise Robert Blandin, son successeur à la direction générale, et trois consultants qui assistent Charlotte Bruel dans sa gestion: Taoufik el Amrani, qui joue le rôle de secrétaire général en charge du juridique et des finances, Marc Goncalvez, responsable de l'événementiel, et Jean-Robert Perroches, à la direction technique. «Charlotte est fragile, assure l'époux anxieux. 
Tout ce que je veux, c'est sauver le patrimoine de nos deux enfants.» Or il reproche au quatuor de s'être octroyé de copieuses rémunérations, avec l'aval de la patronne qui se serait laissé embobiner. Les sociétés d'el-Amrani et Perroches empochent ainsi plus de 200 000 euros par an. Le premier aurait doublé ses appointements en deux ans, tandis que le second coûterait quatre fois plus cher que l'ancien permanent au même poste. 
«C'est délirant, s'insurge le plaignant. Comme j'étais le seul à me dresser contre eux, ils ont poussé mon épouse contre moi.» Autre reproche, la nouvelle équipe aurait laissé certains salariés effectuer un nombre invraisemblable d'heures supplémentaires, risquant d'«exposer Charlotte à des poursuites judiciaires».
Dans le camp d'en face, le ton est tout autre. «Je vous rappelle qu'il s'agit de mon entreprise et que je travaille avec qui je veux», explique d'emblée la P-DG, une forte femme, cordiale mais sur ses gardes, qui nous a reçus au siège de l'entreprise à côté du pont de l'Alma, en compagnie de son avocate et «amie» Régine de la Morinerie. «Radé ne supporte pas d'être écarté, c'est compréhensible, mais il n'a plus à interférer dans mes affaires», poursuit-elle. 
Tout en reconnaissant que sa première vocation était la p einture, Charlotte Bruel tient aussi à s'afficher en vraie patronne. Elle reproche à son mari d'avoir tenté de l'évincer, en invoquant son état de santé, à l'occasion d'un conseil d'administration l'été dernier. «Une vraie tentative de putsch ourdie avec son frère», soutient-elle.
Madame Bruel n'a pas rompu qu'avec son mari. En novembre, elle a aussi coupé les ponts avec son cousin Xavier San Emeterio, dont les sociétés La Ligue des délices (restauration), Seine en salle (services aux convives) et Antilope travaillaient depuis une dizaine d'années avec les Bateaux-Mouches. 
«Je ne supporte pas la trahison», explique la P-DG, laissant entendre que son sous-traitant aurait pris le parti de son mari. «Sous prétexte que j'ai mis en doute l'idée de proposer des menus à plus bas prix, j'ai été mis sur la touche. Je confectionnais 600 repas par jour sans problème», assure l'entrepreneur, qui réclame des indemnités pour rupture de contrat abusive devant le tribunal de commerce.
Au-delà des querelles de famille, reste à savoir comment se porte vraiment l'entreprise. «Même si le secteur du tourisme est à la peine, nous sommes sur une très bonne tendance. 
Notre chiffre d'affaires devrait atteindre 27 millions d'euros sur l'année en cours, soit 30% d'augmentation sur cinq ans», raconte Taoufik el-Amrani, le secrétaire général, qui se présente lui-même comme l'«aigrefin»pour se moquer des accusations de Radé Matovic. Selon ce dernier, le business ne se porterait au contraire pas bien du tout et la qualité de la restauration aurait baissé. «Charlotte ne comprend pas ce qui se passe, c'est dramatique.» La croisière ne s'amuse plus.

Les bateaux-mouches en chiffres :

4,5 millions d'euros le prix d'un bateau promenade
200 litres de fuel pour une sortie
12 km/h vitesse maxi sur la Seine
99 euros le menu prestige en soirée

Eric Wattez
© Capital

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