jeudi 6 novembre 2014

"Israël viole délibérément le traité de paix israélo-jordanien"


A l'occasion du 20e anniversaire du traité de paix signé entre Rabin et Hussein, i24news s'est rendu à Amman...

Lundi 3 novembre, 7h30: Passage frontalier israélo-jordanien de "Cheikh Hussein" dans la Vallée de Beth Shéan au nord d’Israël. Un poster géant du Roi Hussein et du Premier ministre Ytzhak Rabin orne le mur du terminal côté jordanien. Fumeurs insevrables, les deux hommes partageaient une même passion: la cigarette. En signant un traité de paix, ces deux pompiers là éteindront en 1994 l’incendie qui fait rage dans leurs pays depuis leur première confrontation militaire en 1948.
20 ans plus tard, presque jour pour jour, nous nous rendons avec nos équipes à Amman. La veille, sur fond de tensions à Jérusalem, le souverain hachémite, Abdallah II, a fustigé les agissements israéliens sur l’Esplanade des Mosquées à Jérusalem. Notre hôte, Abdelsalam al Majali, maintient toutefois notre rencontre et accepte de se soumettre aux questions de deux journalistes israéliens.
Président de l’Académie des Sciences du monde islamique, ce professeur de médecine nonagénaire fut l’un des principaux artisans du traité de paix. Il en sera le signataire jordanien en sa qualité de Premier ministre du royaume hachémite.
Les pluies diluviennes du mois de novembre ont rendu difficilement praticables les routes craquelées des villages qui nous mènent vers la capitale. Nous prenons du retard. Amman se dévoile enfin sous nos yeux. Un certain "air de famille" avec Ramallah nous rappelle que plus de la moitié des Jordaniens sont d’origine palestinienne. La ville, déjà dense, offre aussi son hospitalité aux milliers de réfugiés syriens et irakiens qui ont fui les combats dans leurs pays. Au feu rouge, l’un d’entre eux demande l’aumône. "Vous voyez, c’est un Syrien !" lance Moussa, notre chauffeur de taxi.
Les caméras sont installées, l’interview peut commencer. Un brin nostalgique, le ton très calme, l’ex-Premier ministre se souvient d’Ytzhak Rabin, un homme qu’il a rencontré "des dizaines de fois" pendant sa carrière et qui était pour le roi Hussein, un "frère" et un "compagnon", nous confie-t-il. Pour autant, la paix n’a pas tenu toutes ces promesses et ses dividendes se font encore attendre, nous fait-il remarquer. La ville-frontière de Wadi Araba, où ont été signés les accords, n’est pas le "paradis" qu’il aurait dû devenir, "c’est encore un désert", ironise-t-il. Actualité oblige, le conflit israélo-palestinien s’invite dans l’entretien. Sur le Mont du Temple/Esplanade des Mosquées, "Israël", assène Al Majali, "viole délibérément le traité de paix qui prévoit que la Jordanie est garante des Lieux saints musulmans à Jérusalem."
Mais si la question palestinienne entrave souvent une relation bilatérale qui pourrait être plus harmonieuse, la rhétorique virulente ne saurait cacher un pacte crucial pour les deux pays. Sécuritaire d’abord, avec ce nouvel ennemi commun que constitue l’islamisme radical. Economique aussi: Israël va devenir pour les quinze prochaines années le principal fournisseur en gaz de la Jordanie. Stratégique enfin: la zone de turbulences que traverse le Moyen-Orient depuis le début des révolutions arabes a fait, à n’en pas douter, de la Jordanie, un îlot de stabilité et de modération pour l’Etat hébreu.
Cyril Amar est journaliste-reporter sur i24news.

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