vendredi 31 octobre 2014

La Suède « antisioniste » reconnaît l’Etat de Palestine....


Michel Garroté, réd. chef  —  La cheffe de la diplomatie suédoise, Margot Wallström, annonce que son gouvernement reconnait « par décret » l’État de Palestine (?). « Aujourd’hui, le gouvernement prend la décision de reconnaître l’État de Palestine. C’est un pas important qui confirme le droit des Palestiniens à l’autodétermination, raconte la ministre des Affaires étrangères dans une tribune publiée dans le quotidien « Dagens Nyheter » (étrange pratique pour une ministre en fonction). « Le gouvernement considère que les critères de droit international (?) pour une reconnaissance de l’État de Palestine seraient remplis : un territoire, bien que sans frontières fixes, une population et un gouvernement, ajoute-t-elle en substance. « Nous espérons que cela montre la voie à d’autres », ose affirmer, en toute modestie, Margot Wallström.
Petit retour en arrière. Janvier 2010 : le quotidien de gauche Le Monde (dans un article intitulé « Le maire de Malmö, en Suède, assimile sionisme et antisémitisme »…) s’empresse de signaler (citant Haaretz et Yediot Aharonot) que « les jeunes gens appartenant à la communauté juive de Malmö quittent massivement la troisième ville de Suède, si on en croit le président de la communauté juive de Göteborg, qui s’exprime dans le quotidien israélien Haaretz, vendredi 29 janvier. En cause, les appels répétés du maire de la ville, Ilmar Reepalu, à ses administrés juifs, à « se distancier » publiquement de la politique israélienne et plus particulièrement des « violations des droits de la population civile de Gaza ».
Les juifs « ont la possibilité de modifier la façon dont ils sont perçus par la société », a encore déclaré M. Reepalu, dans un entretien publié mercredi dans le quotidien Skanska Dagbladet à l’occasion de la journée de commémoration de l’Holocauste, tout en ressentant comme « terrible » le fait que les tensions entre communautés et les agissements de groupes d’extrême droite dans sa ville en soient arrivés si loin « que les gens se sentent tellement menacés qu’ils ne peuvent pas rester à Malmö ». Dans le même entretien, le maire de Malmö affirme lutter avec sa police municipale contre le racisme sous toutes ses formes et précise : « Nous n’acceptons ni le sionisme ni l’antisémitisme (…). Ce sont des extrémismes qui se placent au-dessus des autres groupes, et considèrent les autres comme inférieurs. »
La présidente du Comité suédois contre l’antisémitisme, Charlotte Wiberg, estime que « ces propos constituent une discrimination contre les juifs locaux » parce que M. « Reepalu ne s’adresse pas aux autres communautés de façon similaire ». Le climat intercommunautaire à Malmö se dégrade depuis l’opération militaire israélienne « Plomb durci », en janvier 2009 à Gaza. Les enfants juifs scolarisés dans les écoles publiques se plaignent quotidiennement d’intimidations. Un ancien résident de Malmö, interrogé par le quotidien israélien Yediot Aharonot, rapporte que les jets de pierres, les insultes et les croix gammées peintes sur les murs du centre communautaire sont devenus « la routine ». Malmö n’en est pas à son premier coup d’éclat, puisque la ville a été exclue pour cinq ans de l’organisation de la Coupe Davis de tennis, après avoir interdit l’accès du public à des matches dans lesquels jouaient des Israéliens, en mars, officiellement pour des raisons de sécurité ». Voilà les faits tels que présentés par le quotidien de gauche Le Monde dans un article intitulé « Le maire de Malmö, en Suède, assimile sionisme et antisémitisme »…
Autre petit retour en arrière. Décembre 2009 : il y a à Stockholm une élite et un gouvernement qui se situent très haut dans l’échelle mondiale de la vertu et du droit. Forts de cette conviction, ils ne manquent jamais une occasion de faire savoir à quel point ils détestent Israël. Ils dénoncent à longueur de temps les violations des droits de l’homme commises par Tel-Aviv, les crimes de guerre de son armée, les spoliations de ses colons, la duplicité de ses dirigeants. Qui irait soupçonner leurs incontestables convictions ?
En 2006, le gouvernement suédois décidait de renoncer à participer à des manœuvres militaires européennes pour ne pas souiller morale et honneur en entretenant quelque relation que ce soit avec l’armée israélienne. C’est que la force d’âme de ses membres est inégalable. En janvier 2004 ils organisaient déjà une exposition autour du thème du génocide où était exposée une œuvre de Dror Feiler à la gloire d’une grande palestinienne, Hanadi Jaradat, qui avait commis trois mois plus tôt un horrible attentat terroriste dans un café d’Haïfa, tuant 22 personnes dont beaucoup d’enfants. D’immenses portraits de la grande palestinienne, preuves de cette hauteur et de cette humanité typiquement suédoises, s’étalaient en même temps dans le métro de Stockholm.
En 2006 donc, faute de fréquenter les Israéliens dans un exercice militaire européen, les Suédois participaient à d’autres manœuvres, déroulant le tapis rouge à des représentants du Hamas en compagnie desquels ils pouvaient, cette fois encore, attester de leurs penchants infaillibles pour les droits de l’homme, et réviser leurs gammes en matière d’humanisme et de démocratie. C’est dans cet esprit que trois ans plus tard, ils refusaient farouchement de recevoir Avigdor Liberman, le ministre des affaires étrangères du gouvernement très démocratiquement élu d’Israël.
En mars 2009, le sort a voulu que la Suède soit tenue de recevoir l’équipe de tennis d’Israël à Malmö pour un match de coupe Davis. Elle s’exécuta mais en décrétant que le match se jouerait à huis clos, c’est-à-dire dans une enceinte fermée au public, pour éviter sans doute au public suédois toute contamination de ce partenaire équivoque.
Quand, au mois d’août, le quotidien suédois Aftonbladet publia son article accusant Israël de prélever et de vendre les organes des Palestiniens tombés sous ses balles, en soulignant qu’il ne détenait aucune preuve de ce qu’il avançait, le gouvernement suédois commença par récuser les déclarations de son ambassadrice en Israël, Elisabet Borsiin Bonnier, qui avait estimé publiquement que cet article de presse était « choquant » et « consternant ». Ensuite, au nom de la liberté d’expression, le même gouvernement refusa d’exprimer lui-même la moindre réserve sur les allégations du grand quotidien national. Le ministre Carl Bildt annula par la suite sine die, toute visite en Israël pour ne pas avoir à répondre aux questions qui allaient lui être posées.
Dans la même veine, assurant la présidence tournante de l’Union européenne, la Suède soumettait le 7 décembre dernier aux 27 ministres des affaires étrangères européens une résolution préconisant la reconnaissance officielle de la division de Jérusalem et d’un état palestinien. La Suède portait ainsi son dernier coup à Israël, le plus violent qui soit, avant l’expiration de ses six mois de présidence, au terme de l’année civile. L’initiative était malhabile car elle enlevait tout contenu aux négociations entre les parties et instaurait, par un coup de force juridique, une situation d’affrontements sans aucune issue diplomatique. L’assemblée des ministres récusa le projet suédois, préférant poursuivre sa politique coutumière de pressions toujours accrues sur Israël, sans poser d’acte juridique nouveau aux conséquences imprévisibles.
Le ministre suédois des affaires étrangères, Carl Bildt, profondément courroucé par le désaveu de ses pairs, se mit alors à accuser Israël de vouloir introduire de la division entre les membres de l’Union européenne. Israël était coupable d’avoir dans cette affaire des intérêts nationaux majeurs et d’en avoir fait part à l’Europe. Il aurait fallu selon lui qu’il se laisse égorger sans dire mot, ce qu’obtinrent en leur temps des Juifs européens, par d’autres moyens, les participants à la conférence de Wansee. Mais les temps ont changé.
Inutile de dire que tous les votes de la Suède au Conseil des droits de l’homme de Genève et à l’ONU condamnent Israël dans le sillage des majorités automatiques détenues par les pouvoirs théocratiques et autoritaires arabes, associés aux dictatures du tiers monde et à leurs obligés.
Comment expliquer cet acharnement suédois? On peut évoquer de profonds sentiments antisémites. Le nazi arabe Ahmed Rami, réfugié en Suède depuis sa fuite du Maroc a pu créer dans ce pays une station de radio, Radio islam, où l’on exposait quotidiennement les enseignements de Mein Kampft et des Protocoles de Sages de Sion. Il a fallu des années pour que la station soit interdite (la position internationale de la Suède devenait insoutenable). Mais ledit Ahmed Rami peut continuer son œuvre pédagogique depuis la Suède en utilisant cette fois le support d’Internet.
En 2006, le quotidien Göteborgs-Posten titrait : « La haine des Juifs est parmi nous ». Un sondage venait de révéler que 41 % des 5.000 personnes interrogées avaient une opinion totalement ou partiellement négative des Juifs, et un Suédois sur quatre souhaitait ne jamais voir un Juif devenir Premier ministre. Il confirmait la vitalité en Suède de tous les préjugés sur le Juif cupide ou sur la conspiration mondiale des Juifs.
Cela ne devait pas empêcher les Suédois de compter parmi leurs compatriotes deux des plus éminents « Justes » de la seconde guerre mondiale, Johan Valentin Anger et Raoul Wallenberg, diplomates à Budapest, qui sauvèrent héroïquement, au péril de leur vie, plusieurs dizaines de milliers de Juifs hongrois en les faisant passer pour des Suédois expatriés.
Cependant l’énigme demeure : pourquoi un pays situé à plusieurs milliers de kilomètres d’Israël, qui n’a strictement aucun conflit d’intérêt économique, territorial ou stratégique avec lui, voue-t-il à l’état juif encerclé par des ennemis féroces et impitoyables, une détestation aussi constante et aussi virulente ? La seule hypothèse qui vaille d’être explorée, c’est l’explication par la pression de sa minorité arabe immigrée, peut-être aussi par l’influence internationale des dictatures autocrates musulmanes. Ajoutez-y les vieux préjugés, tournez le tout dans la marmite pestilentielle des média du cru, et vous aurez la Suède de Carl Bildt, le phare de l’antisémitisme contemporain en Europe ...
Reproduction autorisée avec mention M. Garroté, réd. chef www.dreuz.info
   

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