mardi 30 septembre 2014

Paul Amar raconte ses « Blessures » à Sylvie Bensaīd.....


Vous venez de publier un livre « Blessures » un livre confession, autobiographique, riche en révélations, dans lequel vous racontez les étapes de votre vie qui vont ont le plus marqué.
paulamar789

Tribune Juive

a voulu en savoir un peu plus.

Entretien avec ce passionné de l’info. 

Tribune Juive : Pour la première fois, vous racontez votre enfance en Algérie que vous avez quitté a 11 ans, les traumatismes de la guerre et votre arrivée dans la banlieue de Lyon. Vous vous mettez à nu? Pourquoi maintenant?
Paul Amar : Pour plusieurs raisons. Je suis aujourd’hui un homme libre, je ne présente plus d’émission, et ne suis attaché à aucun service public ou privé. Si je ne l’ai pas fait jusqu’à présent, c’est parce que je voulais éviter toute confusion entre vie professionnelle et sentiments personnels. Je ressens en effet depuis plusieurs années un trouble profond, qui est à l’origine de ce livre, un trouble provoqué par la résurgence de l’antisémitisme, aujourd’hui assassin, par les mots ou par les armes.
Tribune Juive : Pourquoi parlez-vous à la première personne dans ce livre?
Paul Amar : Si je parle à la première personne dans ce livre, c’est parce que j’ai voulu incarner ce problème qui me touche personnellement.
Il me renvoie à ma propre enfance. Ma famille subit d’abord un double antisémitisme. D’abord Vichy, les lois raciales. Mon père, fonctionnaire, perd son emploi. Mes sœurs sont virées du collège. Puis la rue, la presse. Insultes, crachats, coups et attentats. Je suis moi-même blessé à l’âge de dix ans.
Tribune Juive : Vous criez votre indignation face à la montée du racisme et de l’antisémitisme, aux slogans antisémites entendus dans les manifestations récentes.
Est- ce les derniers évènements en Israël et les débordements en France qui vous ont poussé avous exprimer sur ce sujet?
Paul Amar : Le trouble que j’évoque remonte en fait aux années 80, avec l’apparition du FN. Le Pen, avec les attaques du journal d’extrême droite, Minute. Il s’est accentué aujourd’hui avec les délires de Dieudonné qui influe malheureusement sur une partie de la jeunesse. Je n’ai jamais mis en avant mes « origines » dans ma vie sociale et professionnelle. J’ai au contraire défendu des valeurs qui me sont chères, républicaines et humanistes. Et voilà que je suis désigné, et d’autres avec moi, par cet hydre à deux têtes. Désigné et stigmatisé. Comment ne pas être choqué ?
Tribune Juive : Vous racontez également votre parcours professionnel vos quarante années de carrière à France Inter, Antenne 2, France 3, TF1 et France 5?
Paul Amar : En racontant mon histoire, je raconte en fait notre histoire, politique et médiatique.
Tribune Juive : Vous réglez vos comptes avec votre ancien patron Jean Pierre Elkabbach qui vous avait dit « Je n’ai rien à faire de tes scrupules… de juif ! » en vous imposant le débat entre Bernard Tapie et Jean-Marie Le Pen, en 1994 sur France 2?
Paul Amar : Non, je ne règle pas mes comptes. Jean-Pierre Elkabbach, je l’ai oublié, « évacué », au sens psychanalyste du terme depuis fort longtemps. Si je reviens dans ce livre, sur ce fameux débat Le Pen/Tapie, c’est pour expliquer aux lecteurs mon geste de l’époque, et rappeler le contexte. 
Hervé Bourges, le président de France Télévisions qui m’avait demandé de présenter le 20h d’Antenne 2 avait compris mon trouble. Nous nous étions mis d’accord pour que Jean Maris Le Pen soit reçu par Bruno Masure_ nous présentions le journal en alternance. Mais Jean Pierre Elkabbach, le successeur d’Hervé Bourges, n’a rien voulu savoir et a balayé mes scrupules en m’imposant ce débat.
Tribune Juive : Vous révélez également dans le livre, les circonstances de votre éviction du 20 Heures de France 2.
Paul Amar : Jean Paul Elkabbach voulait me virer car je n’étais pas d’accord avec lui qui était aux ordres du pouvoir. Il trouvait que j’avais trop de place dans cette rédaction.
Il n’est pas le seul. Mais il est l’un des journalistes politiques à avoir le plus souvent invité Jean-Marie Le Pen dans les années 80. Et notre différend sur le traitement de l’extrême-droite est révélateur.
Tribune Juive : Pourquoi avoir fait ce pacte avec les dirigeants de France Télévisions?
Paul AmarJe le fais dans un souci de transparence et de vérité. Je n’ai pas été licencié à la suite de ce débat Le Pen/Tapie, je suis moi-même revenu à l’antenne. La rédaction qui me soutenait l’exigeait. Non, j’ai été licencié après un entretien tendu avec Jean Pierre Elkabbach. Nous étions le 4 juillet 1994 au matin. Il me demande alors de soutenir ouvertement le Premier Ministre de l’époque, Édouard Balladur. Je lui réponds que j’entends rester neutre à l’égard de tous les candidats à la présidentielle. Et là, j’ai doit à un tonitruant : « je te vire ».
Tribune Juive : Vous considérez que Jean-Pierre Elkabbach porte une lourde responsabilité dans l’émergence du Front national ?
Paul Amar : Jean Pierre Elkabbach a été un des journalistes politiques qui a le plus invité Jean-Marie Le Pen dans les années 80.
Tribune Juive : Vous évoquez dans votre livre le pacte passe entre Nicolas Sarkozy alors ministre du budget, et Jean Pierre Elkabbach patron d’Europe 1, à savoir l’élection de Édouard Balladur contre la direction de France Télévisions » Jean-Pierre Elkabbach a démenti a la télévision tout pacte avec Nicolas Sarkozy en 1993 et a dénoncé votre « délire mensonger » Que répondez-vous
Paul Amar : Jean-Pierre Elkabbach a été un des journalistes politiques qui a le plus invité Jean-Marie Le Pen dans les années 80. Demandez à Marc Autheman, à l’époque présentateur du 19/20 ce qu’il lui est arrivé. Débarqué pour avoir « désobéi » à Jean Pierre Elkabbach et posé une question sur le CIP à Édouard Balladur.
Tribune Juive : Souhaitez- vous que ce livre ait une portée éducative?
Paul AmarMerci de revenir au thème de ce livre qui porte sur l’antisémitisme. L’épisode Elkabbach ne compte que huit pages sur près de 300. Oui, je souhaite porter cette parole républicaine un peu partout en France, et dialoguer avec les jeunes notamment. J’ai commencé à le faire et je mesure l’étendue des dégâts. Le socle démocratique, censé incarner la cohésion du pays, est fissuré et menacé. Il y a donc un travail pédagogique à faire. Il passe par l’École de la République à qui je dois tout, mais aussi, j’ose le terme_ à la Télévision de la République.

Bio express

Connu et aimé du grand public, Paul Amar, 64 ans, longtemps présentateur de Journal Télévisé sur France 3 et France 2 et qui animait jusqu’en 2012, le magazine “Revu et corrigé” sur France 5, est un Éditorialiste politique écouté, célèbre animateur des soirées électorales et des grands débats de société. Confident des artistes et des écrivains, Paul Amar aime donner la parole aux autres. 
Mais aujourd’hui, dans Blessures, le livre confidences qu’il publie chez Tallandier, il dit sans détour et avec une sensibilité extrême, son mal-être et son indignation face à la montée du racisme et de l’antisémitisme. Lui qui se définit comme un Français républicain, laïc et humaniste souffre d’être désigné ainsi que d’autres comme juif et s’interroge sur la vie politique française.

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