jeudi 24 juillet 2014

Tel Aviv, Gaza, Paris, Washington, Bagdad : un seul coupable...


Mon étonnement ne va que grandissant jour après jour à la lecture des éditoriaux de Boulevard Voltaire consacrés aux événements de Gaza.

Donner aux hommes une guerre, c’est comme leur donner la fortune ou le succès professionnel : vous saurez immédiatement qui ils sont. Et mon étonnement ne va que grandissant jour après jour à la lecture des éditoriaux de Boulevard Voltaire consacrés aux événements de Gaza.
Partout dans les colonnes de BV, nous décrivons l’inaptitude — bien réelle — du gouvernement français à mener correctement la moindre des affaires courantes. Outre-manche, les amis de l’UKIP en tartinent autant sur l’incompétence — bien réelle — des hommes de Cameron. 
Les Belges rient de la bêtise infinie de leurs politiciens. Les Américains fustigent Obama et son gouvernement. Bref, quasiment partout sur terre (peut-être hormis en Allemagne), il y a consensus pour dire que la classe politique locale est constituée au mieux d’incompétents, au pire d’idiots, voire d’escrocs.
Et puis survient une énième bataille entre Israël et le Hamas. Et d’un coup d’un seul, tout le monde s’écharpe sur telle judéité, tel mahométanisme, espèce d’antisémite, pourriture d’islamophobe, j’en passe et des meilleures. Tout le monde oublie les politiciens, les politicards locaux.
D’un coup, parce qu’il s’agit de la Terre sainte, chaque leader local — juif ou arabe — est affublé d’une aura ; celle des saints ou celles des anges déchus, selon le côté que l’on préfère.
Or, les événements obsessivement récurrents du Moyen-Orient sont une démonstration flagrante que, là-bas aussi, les hommes politiques sont d’une nullité crasse.
Il faut regarder de nouveau « The GateKeepers », l’extraordinaire documentaire 1 dans lequel sont interviewés six anciens patrons du Shin Beth.
Ces hommes ne sont pas des enfants de chœur. Ils ont été à la tête du service de sécurité intérieure le plus actif du monde (dans le sens que vous imaginez…). Et pourtant, leur conclusion à tous les six est que la politique menée par Israël, mis à part celle de Rabin avec les accords d’Oslo, est complètement inadaptée. 
La loi du Talion, ça n’a jamais abouti à rien, même lorsque la force technologique donne à l’une des parties un avantage énorme sur l’autre.
La conclusion du film est d’ailleurs sans appel, prononcée avec un sourire ironique par l’un des anciens patrons du Shin Beth : « Israël gagne toutes les batailles, mais perd la guerre. »
Pour avancer, il faut parler, dialoguer, rencontrer… tout le monde ! Les six interviewés sont formels sur deux points :

1. on ne fait pas la paix avec des moyens militaires ;

2. tout change lorsque les hommes se rencontrent… d’homme à homme.
C’est d’ailleurs exactement ainsi que Gorbatchev et Reagan découvrirent leur envie mutuelle d’en finir avec la Guerre froide. Il a suffi qu’un soir Reagan, s’extirpant de ses conseillers qui lui recommandaient instamment de ne pas le faire, organise un rendez-vous en tête à tête avec Gorby au coin du feu. Le reste, c’est l’Histoire.
Pendant que nous nous giflons par éditoriaux interposés, pendant que nous regardons les juifs de France avoir peur dans la rue, pendant que nous constatons les dégâts à Sarcelles et Barbès, nous oublions une seule et unique petite chose : la tante de mon ami David qui se prend des roquettes depuis des années, les trois gamins palestiniens qui viennent de mourir sur une plage, Marie-Neige Sardin forcée à déménager, les chrétiens d’Irak qui se font égorger, tous ne sont victimes que d’une seule engeance : les hommes politiques, incompétents, menteurs, pleutres, corrompus et souvent incultes, ne retenant aucune leçon de l’histoire.
À Paris comme à Tel Aviv, à Washington comme à Londres, à Gaza comme à Bagdad, le peuple, victime de quelques hommes.
  1. Si vous avez raté sa diffusion sur ARTE, débrouillez-vous pour le voir. Les plus jeunes de nos lecteurs sauront comment faire. 

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