jeudi 29 décembre 2011

Vent de panique à l'Institut du sein à Paris...


PARIS (Reuters) - Depuis la veille de Noël, jour choisi par le gouvernement pour recommander le retrait des prothèses mammaires défectueuses PIP portées par 30.000 Françaises, les appels et les courriels angoissés affluent à l'Institut du sein, à Paris.

Dans son bureau d'un petit immeuble cossu du XVIe arrondissement, l'une des fondatrices, Isabelle Sarfati, en veut aux responsables politiques d'avoir fait souffler un "vent de panique" pour se "couvrir".

Elle met surtout en cause le choix de faire cette annonce un 24 décembre, à un moment où de nombreux cabinets sont fermés ou en effectifs réduits et des chirurgiens en vacances.

Des milliers de femmes voulant savoir si elles portaient des implants de la société Poly Implants Prothèses (PIP) et en connaître les risques se sont donc heurtées à des répondeurs.

"Je m'explique ça par le scandale du sang contaminé", dit la chirurgienne plastique, décrivant une classe politique profondément traumatisée par l'affaire de la distribution de 1984 à la fin 1985 de produits sanguins dont certains étaient contaminés par le virus du sida.

"Depuis, le réflexe d'un politique quand il voit poindre l'idée même d'un éventuel scandale, c'est de se protéger lui. Ce n'est pas la population qu'ils protègent, c'est eux contre les retombées de ce scandale", insiste-t-elle.

La chirurgienne évoque la douleur psychique d'une patiente qui passe les fêtes de Noël dans sa famille, "pense être une bombe porteuse de prothèses qui vont la détruire" et qui ne parvient pas à joindre son médecin.

La France est pour l'heure le seul pays à préconiser des mesures d'explantation dans l'affaire des prothèses mammaires défectueuses PIP qui concerne environ 300.000 femmes dans le monde et 30.000 dans l'Hexagone.

MESSAGES D'INSULTES

Créé en 2005, l'Institut du sein met une équipe spécialisée de la chirurgie du cancer du sein, de la reconstruction mammaire et de la chirurgie esthétique à la disposition de ses patientes, opérées non sur place mais dans des cliniques.

Les murs des salles de consultation sont ornés de grandes photos, dont une de Marylin Monroe se couvrant les seins avec des fausses fleurs roses.

Ses chirurgiens ont posé 450 prothèses PIP et en ont réexplanté 170 depuis mars 2010, date de leur interdiction en raison de l'utilisation d'un gel de silicone non conforme.

Au départ, l'institut jugeait ces prothèses excellentes pour la reconstruction "parce qu'elles étaient les seules dans le monde à être asymétriques, avec une différenciation des seins gauche et droit".

Mais le taux de rupture des implants PIP s'est révélé au fil des ans être de 15% à 20% à cinq ans, donc bien supérieur aux 3% à cinq ans des autres marques.

A partir du 24 décembre 2011, de nombreuses femmes qui n'avaient pas jugé bon de se faire immédiatement réopérer parce qu'aucune rupture n'avait été décelée ont cédé à la panique.

"Mais surtout, la majorité des patientes ne savent pas quelle est leur marque de prothèse, elles ont oublié ou elles n'ont pas retrouvé le papier microscopique qui dit que vous avez telle marque", raconte Isabelle Sarfati.

"Elles sont très angoissées et comme on ne répond pas immédiatement, quand on regarde notre boîte mail avec quelques jours de retard on tombe sur des centaines de messages d'insultes".

La chirurgienne parle aussi des maris "qui se sentent solidaires et s'en mêlent" et des "médias qui n'ont aucune difficulté à faire monter la pression d'angoisse".

Les autorités sanitaires ont indiqué que neuf cas de cancer ont à ce jour été observés chez des porteuses de prothèses PIP tout en insistant sur le fait qu'il n'y avait pas de risque accru par rapport aux femmes non-porteuses d'implants.

"Ce qui leur fait extrêmement peur, c'est l'idée d'avoir quelque chose qui pourrait déclencher un cancer. Or, jusqu'à présent, nous n'avons aucune raison de le penser", souligne Isabelle Sarfati.

Elle rappelle qu'une femme sur huit a un cancer du sein. "Si les prothèses PIP protégeaient du cancer du sein, on en voudrait moins à Monsieur Mas", le fondateur de la société au centre de deux enquêtes, une préliminaire et l'autre judiciaire.

Edité par Yves Clarisse

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